Le Panama est aussi un merveilleux pays à explorer, tout le temps ou nous sommes restés ici nous n’avons cessé d’entendre des récits animaux sauvages en liberté que soit les singes ou les jaguars ainsi que d’attaques de crocodiles dans certains mouillages. Valerie sera d’accord avec moi puisqu’elle a eu la chance d’observer en liberté lors d’une randonnée un toucan, fameux oiseaux ressemblant a une fabuleuse peluche. Mais mon coup de cœur revient à une province du Panama appelée Kuna Yala où vivent d’authentiques indiens. Ma rencontre avec cette region sauvage fut pour moi un moment riche, intense, émouvant voir parfois même éprouvant. Mais pour faire simple et en seulement quelques lignes je dirais que c’est une leçon de vie qui en ressort, cette lecon de vie acquise aupres des indiens pourrait se denommer A Kuna Matata « c’est mot signifie que tu vivras ta vie sans aucun souci philosophie ». Mais je rajouterai que cette lecon reflete aussi un art de vivre « il en faut peu pour être heureux … il faut savoir se satisfaire du nécessaire ». Bon j’arrête mon trip Walt Disney j’avoue un peu honteusement car c’est tout ce que j’ai trouvé pour décrire la noblesse des indiens Kuna qui en restant à l’état sauvage ont su préserver leur culture et leur tradition afin de rester fidèle à eux-mêmes. Un autre article décortiquera la recette qui rend cet endroit si magique.

Depuis toujours, l’homme a su s’accaparer tout territoire pouvant être conquis ; imposant ses eus et coutumes, et n’épargnant rien ni personne sur son passage. Depuis, mère modernité est passée par là et a emportée avec elle la mémoire des origines ancestrales. Il peut alors paraitre légitime de se demander s’il existe encore dans notre bas monde un endroit préservé sur lequel une civilisation aurait réussi à sauvegarder son authenticité ? Après être passé par le territoire des authentiques indiens Kuna, je peux vous assurer que de tels endroits existent encore bel et bien.

Kuna Yala (de son nom d’origine) a été rebaptisé Las San Blas et se trouve être l’un des derniers territoires indiens indépendants du Panama. Cette autarcie est géographiquement située en bordure de la côte atlantique et comprend 350 îles limitrophes. L’histoire nous montre que pour se protéger du danger que représentaient les conquistadors, les indiens se sont réfugiées sur ces îles bien plus difficiles d’accès ; les préservant ainsi de l’invasion occidentale. L’accès à cette civilisation et à la découverte des Kuna se fait exclusivement en bateau ce qui est une aubaine pour les explorateurs marins que nous sommes. 

Rappelez vous Wall Dysney, Le roi lion, « A Kuna matata ; mais quelle phrase magnifique …  Ces mots signifient que tu vivras ta vie sans aucun soucis ; philosophie ! » Ce n’est pas pour le jeu de mot A Kuna Matatata avec Kuna Yala que je cite ce refrain mais bien parce que le sens de celui-ci colle parfaitement avec l’univers que nous découvrons sur place ! La philosophie de vie des indiens Kuna réside dans la simplicité et le contentement, l’harmonie avec la nature, et un certain attachement pour sa famille et plus généralement son village ; l’altruisme envers son prochain étant confondu avec la bienveillance régnant dans chaque village et de manière plus générale le fonctionnement de celui-ci. Durant tout notre séjour sur ce territoire il fut impossible d’être le témoin d’une plainte ou d’une querelle tant les membres de la communauté sont liés par une certaine intelligence qui semble venir davantage du cœur. Le philosophe trouvera ici bien des ressources à son étude tout comme le sociologue puisque les mœurs des kunas, radicalement diffèrent des nôtres, sont restés intacts.

L’organisation de la vie des Kunas est régie par le travail qui consiste pour l’homme en la culture, la chasse et la pêche. Pour la femme en des tâches ménagères (elles sont responsables de la propreté du village) et en l’éducation des enfants mais la majorité de leur temps est dédié à la fabrication puis à la vente de Molas.

Véritables œuvres d’art ; les molas sont des compositions fabriquées à partir de bouts de tissus et cousus entre eux afin de dessiner un motif particulier. Ces motifs ont tous une signification précise et retracent pour la plupart les activités des Kunas ainsi que leur environnement.

Les femmes Kuna, déjà belle de nature, sont sublimées par l’assortiment de couleurs qu’elles portent. Elle se coiffe généralement d’un plaide, porte en guise de jupe un pareo ; elle se couvre de molas et le reste de sa parure est composée de bracelets et de colliers faits de fils et de perles de rocaille. L’anneau nasal en or qu’elles portent fièrement a la même signification que la bague au doigt pour nous autres occidentaux. Enfin,  Les enfants quand à eux s’habillent plus simplement ou avec l’uniforme officiel pour rejoindre l’école en pirogue.

Le village est composé d’habitations traditionnelles aux toits de palme et aux murs de roseau. Il s’organise autour du sahila qui est le chef du village, celui-ci est élu à vie et joue un rôle très important dans le fonctionnement du village. Bienveillant ; conservateur ou progressiste ; il est le garant de la légifération et de l’application des lois. Beaucoup sont communes à l’ensemble des villages comme l’interdiction de consommer de l’alcool en dehors du samedi soir ou l’interdiction de se marier avec un étranger mais d’autres sont spécifiques à certains villages comme l’interdiction de communiquer avec un étranger. Le soir, un congresso se tient dans la plus grande hutte du village ; il s’agit d’une réunion orchestrée par le sahila qui réunit tous les hommes du village pour établir le bilan de la journée. La même réunion a lieu au moins une fois par semaine pour réunir toutes les femmes de la communauté auprès du sahila. Le sahila est l’homme le plus important avant même le shaman qui tient un rôle spirituel, un peu à l’image d’un prêtre, ou le Nele qui prodigue l’ensemble des soins au Kuna lorsqu’ils sont malades.

Bien que la médecine moderne soit accessible aux Kunas grâce aux hôpitaux situés dans les  différentes agglomérations du Panama ; un grand crédit est apporté au Nele dont l’ensemble des guérisons lui revient. Pour le Kuna ; la guérison du corps passe avant tout par la guérison de l’esprit ; un travail spirituel doit donc être apporté avant toute chose et c’est la raison pour laquelle il s’adressera systématiquement au Nele. Le Nele prodigue ses soins principalement à base de plantes et d’incantations mais le plus curieux est l’utilisation de statuettes appelées Nuchu. Elles représentent le malade et sont habitées par l’esprit de celui-ci. C’est Grâce à ces statuettes que le Nele communique avec son patient durant son sommeil et parvient à accéder à son inconscient pour identifier le mal qui le ronge et y remédier.

Une question intéressante à poser à un Kuna consistera à lui demander ce qui matériellement est le plus cher à ses yeux. La réponse sera systématiquement la même : son hamac. Cela est du au fait que le Kuna évolue tout le long de sa vie auprès de son hamac ; il nait dans le hamac, il dort et mange dans le hamac, il se marie dans le hamac puis meurt enterré avec son hamac.  Pour toutes ces raisons le hamac est l’objet auquel le Kuna attache le plus de valeur, bien loin de nos référentiels européens.

Les Kunas ont du payer un lourd tribu en vue de la conservation de leur modes de vie notamment en 1925 ou ils durent combattre le gouvernement panaméen pour conserver leurs indépendance. Les kunas ont eu l’intelligence et l’intransigeance nécessaire envers l’étranger pour conserver leurs traditions et leurs coutumes sans lesquelles le peuple tend à s’oublier et donc à disparaitre.

Vivre auprès des kuna fut une expérience extraordinairement dépaysante et fut l’occasion d’oublier un temps tout ce que l’on sait de notre société au sein d’un monde où seule l’harmonie règne.

Il est néanmoins à craindre que cette expérience dans un proche avenir appartienne au domaine du mythe car les envahisseurs d’aujourd’hui n’ont jamais été plus nombreux, l’appel à la modernité jamais inégalée et la tentation de se conformer n’a jamais été aussi alléchante.

Les Kuna auront résisté à tous les envahisseurs mais la partie contre le tourisme de masse semble mal engagée. La langue Kuna est progressivement remplacée par l’espagnol, les nouvelles routes ont permis un accès plus facile au Panama et les pirogues ont laissés place aux bateaux à moteur en vue de transporter rapidement les touristes qui imposent au passage une nouvelle gestion de déchets plastique intraitable sur place. Ce ne sont là que les premiers signes avant coureurs d’une certaine perte d’identité dans la région la plus touristique des San blas. Ceci étant, il existe encore fort heureusement bon nombre de terres Kuna bien plus éloignées et donc toujours protégées.

Ci dessous notre reportage vidéo des San Blas avec notre ami local qui nous a servi de guide …

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