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Nous partons de Fatu Hiva la derniere ile au sud des marquises dans de bonnes conditions, sous un ciel bleu et une légère brise. Nous avons esperé que cela dure mais c’etait sans compter le fait que les Gambiers ca se mérite ! Le lendemain nous nous retrouvons au près (allure pour laquelle le bateau fait quasiment face au vent) sous 20 noeuds (50 km/h) de vent bien etablis et une mer étonnamment grosse. A partir de là nous ne cesserons de nous faire rincer, toutes les 5 minutes, une belle vague recouvre le pont du bateau. Parfois une plus grosse parvient a descendre jusque dans le bateau. Nous fermons le bateau, il y fait très chaud et les hublots fuient. Rien de bien méchant, au goutte a goutte, juste de quoi prendre quelques goutes sur le visage au moment où on essaye de dormir. Assez rapidement le bateau est sans dessus dessous dans un desordre chaotique mais neanmoins assumé. La surprise viendra du fait qu’en essayant de faire des pates carbonara (ce n’est pas parxeque la situation est inconfortable qu’il ne faut pas s’occuper) une bouteilke d’eau glisse et pillone un bol de creme fraiche. Il y a de la creme fraiche partout, au plafond sur les ports les couchettes nos vetements en train de secher nos oreillers, bref partout.

Val prends son courage pour tout nettoyer pendant que j’essaye d’arreter de jurer … Val tue le temps comme elle peut mais elle trouve que 6 jours en mer c’est long, de mon coté je regarde les quatre saisons de la serie viking soit 36 episodes de 50 minutes, je trouve que le temps passe beaucoups plus vite avec cette serie. Sur les derniers jours nous serons entourés de grains, phenomenes meterologiques consistants en un amas de gros nuages gris pouvant alener de tres fortes pluies et des vents jusqu’à 100km/h sur de courtes durées.


Nous réduisons au maximum la grande voile avec trois ris et passons de grain en grain. Le dernier jour nous mettons les lignes de peche à l’eau. Au bout de quelques heures deux lignes partent, la premiere casse, la seconde decroche car le poisson aura réussi à tordre les deux tridents du rapala.


Nous abordons les Gambiers de nuit sans trops de difficulté pour un bon dodo, les jours suivants seront consacrés au rangement, menage et quelques reparations mais cela ne bous derange pas car nous sommes absoluments seul dans l’une des plus belles baies au monde, en mode robinsson crusoé.

Cela durera une semaine avant de s’approcher en pleine nuit d’une première terre qui semble vierge, dans la baie Gahutu sur l’ile de Taravai. Le lendemain nous nous réveillons donc au mouillage dans un décor de rêve et la luminosité intensifie l’émotion due à la découverte de ce paysage grandiose. Les fonds marins cristallins contrastent avec la végétation abondante et verdoyante composée principalement de sapins. Les eaux sont limpides et la diversité marine nous offre un beau spectacle de coraux violets, verts, roses,  de poissons perroquets et de requins. Les poissons perroquets portent bien leurs noms car leurs couleurs sont semblables à celles des oiseaux, rouge pour les mâles et bleu pour les femelles, et possèdent eux aussi un bec noir qui leur permet de broyer toutes sortes de crustacés et de coraux. Nous resterons une semaine pour faire quelques petits travaux et profiter de ce lieu sauvage dans lequel nous sommes certains de ne partager notre intimité qu’avec mère nature. Nous nous souviendrons éternellement de cette communion avec cet univers dans lequel aucune ombre, météo comprise, ne viendra troubler notre quiétude.  

Après une semaine quelques vivres viennent à manquer et nous décidons de rejoindre la civilisation, direction Rikitéa, la capitale des gambiers qui contient tout de même 3 petites épiceries avitaillées par bateau une fois par mois. Il est difficile de trouver des légumes et les prix sont exorbitants  sans aucun doute du à l’éloignement de cette archipel et aux richesses qu’elle peut offrir à ses habitants grâce à la culture de ces perles d’huitre dont la réputation internationale n’est plus à faire. Ces petits inconvénients seront vite oubliés en constatant la gentillesse et la bienveillance générale des locaux envers les marins. Nous découvrons l’ile par ses sentiers traversiers  répartis sur son ensemble puis entamons notre ascension dans la montagne vers le Mont le plus haut, le Mont Duff, qui culmine à 441 mètres. En évoluant sur ce massif composé de nombreux sapins, la nostalgie du Jura nous revient mais ici les bons fromages ne sont même pas de l’ordre du rêve*, il faudra définitivement s’en passer et savourer simplement les fruits qui poussent en abondance, offerts joyeusement par nos nouveaux amis mangaréviens.

  • Techniquement et sans le vouloir ce rêve fromager se produisit tout de même car nous avons côtoyé des clients suisses d’un bateau charter qui avaient ramené différents fromages de leurs cantons.

Nous sommes à nouveaux touchés par la générosité des Mangaréviens  car lors de l’une de nos promenades, une famille nous prend en stop et revient le lendemain au bateau pour nous offrir un sachet de perles d’huitre de qualité suffisante pour confectionner toutes sortes de bijoux colorées. Notre seule sympathie leur ont inspiré une telle offrande ! Je n’en reviens toujours pas. Mais ici le troc est légion et quelques temps plus tard nous troquerons ces perles avec un bateau ami rencontré en Equateur, Lulu et Sean dont notre rencontre fut décrite dans un précédent article. En échange de ce troc nous récoltons quelques bouteilles d’alcool, puisées dans leur réserve chiliennes, immédiatement consommées lors de fêtes avec les Mangaréviens.

Cette même famille nous gâtera à nouveaux lors de notre départ le 28 avril en remplissant notre annexe d’avocats, pamplemousses, bananes, citrons, papayes…. 

Puis nous retrouvons nos amis Manu/Marinella sur Paprika  et Sandrine/Robin sur Brindacier pour une petite virée sur l’ile d’Aukéna, un petit paradis avec plage de sable fin, lagon et montagne où habitent Bernard et Marie Noel. Bernard est surnommé prince des Gambiers car il possède un grand nombre de terres et qu’il possède toutes les qualités afférentes à un prince, généreux , bon et loyal. Très rapidement nous devenons amis et partageons des moments qui resteront gravés à jamais dans nos cœurs. Nous irons à la pêche, nous irons à la cueillette, puis nous irons à la chasse et je tuerai là mon premier cochon et mon premier coq, histoire de ne pas oublier qu’un poulet n’est pas juste un morceau de viande cuit et conditionné avec des patates dans un sac plastique et que le porc n’est pas à l’état naturel emballé dans du cellophane prêt à être servi sous forme de tranche. Ici tout se mérite et je pense que je ne me suis jamais autant rapproché de nos origines primitives qu’en ces instants privilégiés où seule la bonne humeur au sein d’une autarcie choisie rythme nos journées. Après les activités de chasse dont le gibier se trouve être les cochons et les chèvres pris à mains nus avec l’aide des chiens de Bernard qui s’avèrent être de redoutables tueurs, de grands festins rassemblent tous les amis de Bernard c’est-à-dire à peut prêt tous les plaisanciers qui ont eu la chance de le rencontrer au moins une fois. Ces festins n’ont rien à envier à ceux qui clôturent les aventures d’Astérix, et j’aime parfois à me prendre pour Obélix davatange sur l’engouement de manger un tel mêt que sur le transport d’un cochon ou sanglier atteignant parfois mon propre poids. J’ai aussi appris une chose durant ces festins, dans le cochon tout est bon et il n’y en a jamais trop. Valérie apprendra de nombreuses recettes comme la préparation des bocaux de patés de tête et de foie. Et de mon côté je jouerai à l’apprenti alchimiste en fabriquant notre propre alccol à partir des fruits récoltés que l’on fait mécérer avec de l’eau et de la levure en vue de leur fermentation. Nous fabriquons aussi notre propre pain et devenons jour après jour mailleur boulanger que la veille. Quand aux accompagnements de poissons ou de viande, il n’y a qu’à ramasser les noix de coco ou les fruit à pains autrement appelés Hourus  (la mission du Bounty était de ramener ces fameux plants d’arbre à pain afin de nourrir les esclaves pour un coût minime). Enfin l’eau est celle récupérée de la pluie et lorsqu’il nous manque un élément de base comme le riz, les pâtes ou la farine nous en profitons pour troquer une chèvre ou un thon au village d’en face. Nous sommes parvenus à une auto suffisance complète et vu notre isolation, vu notre éloignement cela donnerait presque l’illusion d’être paré si une troisième guerre mondiale devait éclater. Illusion bien naïve car une guerre de cette ampleur toucherait évidemment la planète dans son intégralité jusqu’aux plus grandes profondeurs terrestres.  

Aujourd’hui c’est l’anniverssaire de Bernard, ne lui demandez pas son âge, il vous répondra année après année « 32 ans ». De nombreux invités affluents de toutes parts. Dans une franche camaraderie Les locaux se mélangent aux Popa (les blancs) ; Nico et Domitil avec leurs deux enfants sur Tekao Noa, Olivier et Stéphanie avec leurs deux enfants sur Planète Océan, Manu et Marinella sur Paprika, Charlotte et Pierre sur Te Reva Tua. Les centres d’intérêts se situent entre la préparation en cuisine des accompagnements concoctés par Marie Noël et quelques amis, le match de foot organisé par les enfants, Bernard dont l’humeur est toujours au beau fixe et le cochon qui est en train de cuire au dessus du feu les quatres pates en l’air. Les discussions s’enchaineront toute la journée et nous rentrerons tard le soir bien abreuvés.  

Il est temps de faire une pause et Akamaru, une charmante ile parfaitement entretenue où pousse du café , de la vanille et toute sorte de fruits, semble être l’endroit idéal. L’avantage de cette île est que nous pouvons faire connaissance de tous ces habitants en une journée puisque celle-ci n’en contient qu’une dizaine . Sur notre seul chemin nous passons devant la maison de Pauline et Germain qui nous invitent aussi naturellement que rapidement à se joindre à leu déjeuner. C’est l’occasion de découvrir une spécialité polynésienne, le Poé qui est un plat à base de fruit à pains, de mangue et de coco, le tout cuit au feu de bois. Le Poé accompagne les poissons que nous sommes en train de manger, me vient alors la question concernant la ciguatera. La ciguatera est une maladie très grave que l’on peut attraper après avoir consommer du poisson intoxiqué par certains coraux mais rien ne laisse présager de cette intoxication. Pauline nous rassure en nous expliquant que le poisson que nous mangeons n’a pas la ciguatera puisqu’elle a pêché au bord de chez elle mais qu’il en serait tout autrement si elle avait pêché 50 mètres plus loin. Et lorsque je mange une autre espèce de poisson qui était à table elle m’indique qu’il ne faut surtout pas le faire bouillir car sur ce mode de cuisson un poison se dégagerait. Finalement la seule leçon que je retiens est qu’il faut éviter de consommer seul du poisson, il est largement préférable d’apprécier la générosité des locaux pour gouter les poissons qu’ils auront choisi et cusiné comme personne d’autre ne sait le faire.  

Un peu plus loin, nous apercevons un catamaran en forme de maison et nous décidons d’aller dire bonjour. Comme nous avons bien fait ! Nous découvrons Rémy qui vite avec Louise et leur fils de 4 ans. Nous passerons plusieurs jours avec eux et Rémy en profitera pour me confier son histoire personnelle complétée par celle de son Papa, Bertrand, rencontré bien plus tard dans les îles des Tuamotu.

 Rémy à l’âge de 9 ans arriva en même temps que sa sœur cadette sur le voilier de son papa il y a maintenant plus de 25 ans de cela lorsque les îles Gambiers étaient encore vierges et que l’arrivée d’un bateau restait un événement tout à fait exceptionnel. Les îles Gambiers se révélèrent être un coup de cœur pour cette petite famille qui décida de s’installer dans cet endroit paradisiaque quelque peu désertique. Puis Bertrand, parmi les précurseurs dont Robert Wam qui est aujourd’hui l’une des plus grosses fortunes de Polynésie, installa les premières fermes perlières et démarra cette activité qui devint la plus lucrative de Polynésie. Rémy fut éduqué dans ce contexte et je m’amuse parfois à la comparer au Mowglie non pas de la jungle mais des lagons car très vite il eut tout appris tant est si bien qu’il est a repris la ferme perlière de son Papa qu’il a fait fructifié. Bien que la relation père fils au travail puisse être très complexe, l’activité perdura et son papa m’avoua toute la fierté qu’il avait pour son fils. Enfin je lui demandai s’ils connaissaient le bateau Banik, une famille française qui avec leur blog en fit rêver plus d’un (dont moi) grâce à leur tour du monde effectué à la voile, il me répondit qu’ils avaient passé beaucoup de temps ensemble et que les enfants de Banik et les siens étaient devenus très amis.  

Rémy à repris la ferme perlière de son père et on est tout excité à l’idée de l’aider une journée.

On commence par le détroquage qui consiste à sortir les coquilles de nacre des paniers, de percer la coquille sur la hauteur pour enfiler une ligne de nylon qui contiendra 45 perles environs, nous réaliserons 1500 lignes. Vient à présent le moment de faire le toron, c’est-à-dire entortiller les lignes sur un bout qui sera suspendu dans les paniers. Les garçons termineront leur travail en plongeant sur les stations perlières pour accrocher les 50 paniers aux bouées. Il faudra 9 mois environ pour faire grossir les nacres avant de les greffer et obtenir une jolie perle de Tahiti.

Ce travail est fastidieux et physique, lorsque nous enfilons les coquilles,  nos bras et nos jambes nous démangent  (ca pique…ca gratte…car de nombreux projectiles se collent sur notre peau (des restes de méduses, anémones, coraux etc …Sur les conseils de Rémy nous nous badigeonerons de citron pour calmer les démangeaisons.

Ah les perles ca se méritent…

Rémy  nous invite pour un BBQ ; au menu…omitarets,  ouroux au feu de bois et poissons crus au lait coco, quel belle journée en leur compagnie (Toutana la sœur à Rémy et son copain Harry.

Avant de partir nous accostons sur Mékiro une petite ile face à Akamaru, une vue magnifique s’offre à nous avec les récifs à perte de vue et quelques chèvres pour seules résidants.

Nous terminerons notre séjour aux Gambiers par Taravai chez Hervé et Valérie qui organisent un BBQ chaque dimanche avec les plaisanciers.

Taravai est un petit ilot abritant 4 familles soit 9 personnes, un petit paradis ou il fait bon vivre, un catamaran se joint à nous. Nous sommes à présent 11 personnes, équipe au complet pour faire une partie de volley, puis suivra des parties de pétanque…Un petit goût de Marseille au bout du monde…Manque juste le Pastis.

Le départ des Gambiers est imminent, les derniers préparatifs se feront sur Rikitéa, avitaillement eau, gaz, gasoil ; nourriture… Un petit clin d’œil à Paprika qui la veille nous conseil cet avitaillement…Je cite « Mais vous savez que vous partez aux Touamotu et que sur ces minuscules atols vous ne trouverez que des noix de coco.

Bon merci Manu nous suivons tes conseils J

Départ le Samedi 28 avril direction Hao pour 454 mn.

Premier jour 15 nds…on avance lentement

Deuxième jour Pétole on sort le spi qui ne se gonfle pas

Troisième jour la grand voile est sortie on avance à 3 nds au portant. Dans l’après midi on passe de 4 nds  de vent à 32 nds dans un grain. Impossible d’affaler…Le frein de bome est coincé, la voile se gonfle et nous remontons au vent…La pression exercée est telle que la bome se casse en deux…Catastrophe ;;;Nous sauvons immédiatement la Grand voile et nous déposons la bome sur le pont. Bon nous naviguerons au génois accompagné du moteur durant 3 jours de pétole. Nous sommes dépités mais on gardera le moral car nous pourrons temporairement faire une réparation provisoire.

10 Décembre
Nous prenons le petit déjeuner tout en contemplant le lever du soleil au dessus des îles Galapagos et en écoutant la musique envoutante de Bagdad Café. L’instant que nous sommes en train de vivre est magique, une joie intense nous envahit. Cela est sans soute davantage dû à l’exclusivité du moment qu’au super petit déjeuner composé de muffin, jus d’orange et café noir.
Passé ce petit déjeuner, nous mettons toutes voiles dehors et prenons le cap à l’ouest direction Les marquises. Grâce à un vent soutenu et à un courant portant, nous réalisons de belles performances (150 milles journalièrs). Il s’agit à présent de combattre l’ennui et de trouver des occupations. Matelotage et Macramé pour Valérie, Lecture, écriture et création du nouveau site web pour ma part. Ensemble nous passerons aussi des heures à jouer sur la tablette ou à regarder de nouveaux films.


11 Décembre
Cette nuit, nous nous sommes retrouvés en route de collision avec un remorqueur de 42 mètres. Le radar AIS ayant bien fait son travail cela fut sans aucun danger mais nous sommes forcés de constater que nous ne sommes pas seuls en plein milieu du pacifique. J’en profite pour discuter avec ce bateau et demander la météo, les prévisions sont excellentes et nous continuerons d’évoluer dans de parfaites conditions.


12 Décembre
Bien que cela aurait pu m’occuper tout en assouvissant ma passion, nous ne pêchons pas car que le frigo est toujours plein. Il faut donc s’occuper autrement et je passe cette journée à trier de la musique, c’est un moment d’émotions car la plupart des chansons me rappellent un moment passé ou un proche. Puisque tu parts de Jean Jacques Golman pour ma soeur et ma mère, L’inaccessible étoile de Jacques Brel pour mon père, Et beaucoups dautres chansons pour les amis dont certaines me rappellent les grosses fêtes que nous avons jadis pu célébrer. En bref, ce fut la journée nostalgie.  J’ai envie de prendre un petit verre pour trinquer de loin avec les terriens mais je n’en ferai rien. Malgré les 120 litres d’alcool embarqués je me suis promis de ne pas boire une goutte d’alccol durant notre traversée. Cet objectif sera facilement atteint.  


13 Décembre
Les journées ont tendance à se ressembler, la météo reste fidèle à elle même. Le jour, nous atteignons toutes voiles dehors une vitesse moyenne de 7 noeuds, la nuit nous réduisons pour être plus tranquille et nous nous calons sur une vitesse de 6 noeuds. Depuis notre départ, étant donné la direction et la force du vent constante,  nous n’avons jamais eu à régler les voiles. Mes lectures se concentrent sur la polynésie et j’apprend ainsi tout le carnage ayant eu lieu lors de l’arrivée des européens. J’ai du mal à comprendre comment les polynésiens ont su preserver un accueil et une gentillesse ancestrale alors que nous leurs avons apporté bon nombre de maladies ayant entrainé une large discimination du peuple polynésien ainsi que la perte d’une partie de leur culture et de leur identité. Après tout cela, nous n’avons rien trouvé de mieux que de faire pêter des bombes nucléaires sur leurs attols ! Ces bombes ont beau avoir explosé dans les abysses du pacifique, pourquoi avoir réalisé ces essais nucléaires proches des attols et non pas dans les grandes profondeurs de la Méditérnnée juste à côté de la corse ?


14 Décembre
Cette nuit nous avons croisé un navire de pêche repéré par Val grâce ses feux de navigation. Le radar AIS nous donne plein d’informations comme le nom du bateau El Rey, sa taille de 42 mètres, son origine en provenance de la Colombie et sa vitesse de 1 noeud.
Cette nuit a été l’occasion de disputes virulentes avec Valérie sur le sujet des quarts de nuit. Nous nous accusons l’un et l’autre de la mauvaise gestion des quarts, il règne un certain flou sur le temps de sommeil passé par chacun et la tension est palpable. Un peu comme si nous étions dans le triangle des bermudes et que nous avions perdu la notion du temps et la raison dans le même temps. Nous lisons l’heure sur la même montre mais n’interprétons pas l’écoulement du temps de la même manière. Valérie forte de ses convictions accuse, de mon côté je savoure cette atmosphère explosive qui ne peut durer. Nous n’obtiendrons jamais le fin mot de l’histoire car je me dois d’outrepasser les explications afin de mettre en place un plan d’action immédiat : je veillerai la nuit et Valérie veillera le jour.
La mer se lève apportant avec elle une forte houle que nous estimons à 5 métres. Fort heureusement, aucune deferlante n’apparaitra et la situation reste donc facile à gérer. Je pense au voilier que nous avions croisé au Panama et qui avait fait route dans le sens inverse. A son bord deux marins chevronnés qui nous avaient raconté toute la pénibilité de leur navigation. Maintenant que la mer s’est levée j’imagine tout à fait ce qu’il ont pu endurer.


16 Décembre
Cette nuit nous avons pu récupérer quelques cartes météo grâce à notre radio BLU. Ils se révelent être de bonne augure et nous conforte dans une situation confortable. Nous avons encore croisé un bateau de pêche, à croire que la route Galapagos – Marquises est une autoroute. Le radar nous aurait bien aidé mais celui ci est tombé en panne juste avant notre départ.
En fin de journée, nous avons eu la visite de nos amis les dauphins. Cela faisait un certain temps que nous nous sentions un peu seuls et leur présence embelissent notre journée.


17 Décembre
Cette nuit, le ciel fut magnifique et nous en fûmes éblouis comme un moustique devant une lampe torche. Les étoiles si proches et si lumineuses formaient des constellations parfaitement visibles. Lorsqu’elles nous étaient inconnues il suffisait d’un peu d’imagination pour leur donner de nouveaux noms. La voie lactée coupait dans une longue trainée argentée le noir intense du ciel. Enfin comètes et étoiles filantes nous récompensaient de la patience necessaire afin d’endurer le prochain torticoli. Mais une étoile nous a parue plus étrange que les autres car sa luminescence toujours de même intensité est composée de rouge scintillant. L’explication la plus probable mais également la plus déroutante est qu’il s’agissait d’un satellite. Nous avons beau aller au bout du monde, nous resterons toujours sous l’oeil attentif de Big Brother.        


18 Décembre
Cet après midi, Val m’appelle afin de me montrer une tortue prisonière d’un Ofni (objet flottant non identifié). Je ne réfléchis pas et en moins moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire nous nous retrouvons face à la mer pour aller sauver cette tortue, bien que je ne sache pas encore très bien comment m’y prendre. A son approche, nous constatons que cette tortue a la tête coincée dans une sorte de bidon en plastique. Notre arrivée a du la faire stresser et elle a probablement redoubler d’efforts car elle parvient à se dégager de ce piège d’elle même. Satisfaits de ce résultat, nous reprenons notre route. Quelques instants plus tard, les dauphins viendront nous féliciter de cette bonne action en venant jouer avec nous. C’est une nouvelle bouffée d’oxygène pour nous d’autant plus qu’ils resteront durant tout notre déjeuner.
Dans l’après midi, nous croisons de nouveau un bateau de pêche apercu par Valérie. Bien joué Val ! Car cette fois ci le radar AIS n’a pas joué son rôle et est resté silencieux. Ce bateau n’a donc pas déquipement AIS et ressemble de plus à une épave fantôme. Son moteur ronfle tellement fort que nous pourrons l’entendre de très loin.


22 Décembre
Nous voguons à présent plein vent arrière; voiles en ciseaux. Cette allure consiste à mettre la grande voile d’un côté et l’autre voile à l’opposé ce qui ne tient que par un équilibre succint du vent à 180° précisément. Cet équilibre est assuré par l’autopilote plutôt réactif mais si le vent tourne la grande voile ne manquera pas de passer très violemment d’un bord à l’autre, attention aux têtes haguardes à l’affut du paysage … Ce matin, nous nous levons satisfaits de constater que nous ne sommes plus qu’à une semaine de notre destination, nous arriverons probablement avant la nouvelle année que nous pourrons célébrer avec les polynésiens. Cette journée sera riche en découverte puisque nous croiserons de nouveau les dauphins ainsi qu’une belle tortue. Les dauphins nous suivront suffisament longtemps pour contempler dans la nuit sombre leurs sillons luminescents qui fendent la mer pleine de plancton phosphoressant.  

 
23 decembre
Une nuit ereintante pour les nerfs vient de s achever. La veille, nous pensions mettre le spi mais il y avait un trou a reparer. Du coup nous avons laisse la grand voile et le genois. Mais dans la nuit il y eu bien plus de mer que de vent laissant les voiles libres de danser au gré des vagues. Je sens le bateau quelque peu martirisé par cette houle qui ne lui fait aucun cadeau. Les voiles claquent dans tous les sens, le grément semble en souffrir et au lieu de dormir je me poserai toute la nuit la même question : faut il enlever les voiles pour soulager le bateau alors que nous continuons néanmoins à assurer une vitesse non négligeable. A la lueur du jour, je retrouve ma douce dans le cockpit et nous nous empressons de réparer le spinaker. Le spinaker est une voile très légère faite pour un vent faible réalisé dans le même tissu qu’une mongolfière, d’ailleurs de loin cette voile une fois hissée ressemble à une mongolfière. Une fois le spinaker réparé, nous lévitons au dessus de l’eau dans un silence absolu avec notre Mongolfière comme seule voile. Dans l’après midi je réveille Valérie en train de somnoler car j’entends un bruit très étrange, inconnu jusqu’ici et donc inquietant. Nous cherchons un certain temps partout dans le bateau mais en vain. Une idée me vient, peut être est ce un oiseau alors je jette un coups d’oeil dehors. Quelle fut ma surprise de constater que nous étions entourés de globicéphales ! De la famille des dauphins le globicéphale de part sa taille impresionnante ressemble davantage à un baleineau qu’à un dauphin. Tout comme les dauphins ces mamiphères emettent des sons et des cliquetis dans l’eau qui résonnent à l’intérieur du bateau tel un écho et deviennent alors parfaitement audibles. Ces globicéphales semblent apprécier notre bateau et nous passerons des heures à contempler ces immenses masses noires zigzaguer sous le bateau. Cette rencontre spectaculaire couronne cette magnifique journée très agréable et fort utile pour nous rétablir de notre dernière nuit.
Après la visite des globicéphales, nous décidons d’installer  notre arbre de Noel. Nous sommes très fier de ce petit bout de bois blanc joliment décoré et dont les contours rappellent la forme d’un sapin. Logiquement nous ne mettrons pas nos souliers au pied du sapin puisqu’ils sont à peu près de meme dimensions. Mais au cas ou le pere noel s’interesserait aux voiliers évoluant dans le pacifique, j’emets le veu que demain soit une journée aussi belle qu’ajourd »hui afin de célébrer Noël dans sa plénitude.
La nuit que nous passerons ensuite sera à l’image de cette journée, splendide mais néanmoins ponctuée d’une anecdote. A la fin du film que nous avions mis pour égayer notre soirée, nous sortons du bateau pour constater que notre mongolfière a explosée, notre spinaker s’est déchiré et est bon à mettre à la poubelle. Quand on connait l’histoire de cette voile, je pense que cela devait être son destin … Valérie de son passage en métropole avait commandé sur le bon coin à un particulier un spinnaker . Elle le ramena au Panama ou nous étions mais nous constatames que la voile n’était pas adéquate car prévue pour un bateau de 8 mètres et non pas de 11 mètres. Le vendeur reconnaissant son erreur accepta un échange qui nous couta au final assez cher à cause des frais de poste, des frais de douane mais aussi et surtout à cause des trois semaines supplémentaires à rester dans un endroit somme toute onéreux. Une fois la nouvelle voile receptionnée, nous ne pouvions que constater son mauvais état et passerons une journée à la réparer. Enfin tout ceci pour ne l’utiliser que 8 heures cumulées lors de notre traversée du pacifique avant qu’elle n’explose. Mais notre plus grand regret fut de constater que nous rations le plus grand festival culturel des Marquises qui a lieu tous les quatre ans à cause du retard pris à attendre cette voile. Morale de l’histoire ? Et bien quand ca veut pas, ca veut pas et mieux vaut savoir parfois laisser tomber.


24 décembre
Joyeux Noël ! Tels furent les premiers mots échangés avec ma dulcinée. Un esprit joyeux nous envoute et nous sommes tout sourire. S’il est vrai qu’il est atipyque de célébrer Noel seuls en plein milieu du pacifique, je n’en suis nanmoins pas mécontent. J’évite toute pression inutile qui consisterait en une course folle aux achats fortement soutenu par notre societé de consommation. De plus il n’y a qu’ici ou etre seul semble normal car dans notre monde moderne il est absolument impensable d’etre seul ce jour là; quitte à etre pris sous l’aile de quelques ames charitables. Pourtant ce jour là ne représente pas grand chose pour moi mis à part une effervessence soudaine du monde religieux avec lequel je garde quelques distances. Je constate que certains comme Motessier semblent aussi remontés que moi de l’hypocrisie religieuse.
« Ils commencaient à m’enerver sérieusement avec leur enfant Jésus. On s’en sert comme d’un paravent pour continuer à faire tranquilement toutes nos saloperies de petits minables avec des signes de croix dans tous les sens pour faire semblant de se regarder en face »
Ceci étant pour moi, tout pretexte est bon à prendre pour faire la fête alors nous profiterons de ce jour pour cuisiner de manière différente, cela commence avec une belle niche de pain faite maison accompagnée de foie gras et d’oeufs de limpe. Comme dessert rien de moins qu’un brownie au chocolat que l’on jettera à cause des oeufs pourris utilisés, nous nous rattraperons sur de savoureux pancakes.  Puis vint le moment d’échanger nos cadeaux, le début d’une certaine intimité …


25 décembre
Cette nuit fut une nouvelle fois pénible à cause d’une mer plus forte que le vent ce qui rend la mélodie du bateau non pas harmonieuse mais stridente. Pffff, clac, bim sont les trois notes qui composent cette horrible mélodie mais bientôt un bam s’ajoute à la composition de cette partition. Je cherche la provenance de ce bruit redondant pendant des heures et finit par en trouver la cause que l’on ne peut supprimer, j’accepte alors le nouveau refrain éloquent du Pfff, clac, bim, bam …. Mais le résonnement des voiles à l’interieur du bateau devient inssuportable et je décide de dormir dehors sur le pont. Le ciel est magnifique tapissé d’éclats brillants et la pleine lune reflète sa plus belle lueur sur la mer qui s’illumine parfois à cause du plancton phosphoressent. Contempler ce ciel est un grand privilège qu’il n’est donné de connaitre qu’ici.   
Durant la journée, nous continuerons les festivités en ouvrant la boite de conserve de confit de canards offerte par un couple de copains lors de notre départ en Martinique. Vous l’aurez compris cette boite de conserve ne venait pas d’une grande surface mais du savoir faire ancestrale de leurs grands parents. Accompagné de patates et d’un bon vin, c’est divin. Nous pensons à ces amis qui ont du faire un grand sacrifice en se délestant d’un tel mêt.


26 décembre
C’est une belle journée avec un vent soutenu qui nous permet d’aller vite (145 milles en 24 heures).  Nous constatons la présence d’oiseaux de plus en plus nombreux et avons croisé un bateau de pêche signe que nous nous rapprochons de la terre. Nous savons qu’à l’approche des  Marquises nous devons changer d’heure mais il est difficile de la définir précisément, nos seuls repères étant le lever et le coucher du soleil nous approximons l’heure comme bon nous semble. C’est la première fois que nous mettons les lignes de pêche à l’eau mais elles attirent davantage les oiseaux que les poissons. Nous sommes contraints de nous engueuler avec les mouettes afin d’éviter d’en pêcher une. Nous nous essouflons à crier et à siffler pour les avertir mais rien y fait. Nous devrons remonter les lignes afin d’éviter de réitérer un souvenir d’enfance. Je pêchais à la trâine et me ruait sur la canne à pêche dont le moulinet se déroulait mais quelle ne fut pas ma surprise de constater que le fil de pêche partait dans le ciel. Je venais de pêcher une mouette que mon père libéra malgré elle.


27 décembre
Valérie se réveille toute contente car elle sait que nous devrions arriver demain soir, enfin ! De mon côté, cela ne me fait ni chaud ni froid. L’anesthésie du temps a opérée et l’ivresse des horizons infinis s’est emparée de moi, je me complais en toute sérénité dans cette navigation et avalerais volontier des milles supplémentaires. Une certaine comunion avec mon environnement s’est forgée au fil de l’eau. Je suis tombé dans une certaine léthargie et ne considère plus les choses de la même manière. Cela est difficile à expliquer mais pourrait être comparée à une méditation exercée par le Yoga à plus grande échelle. Le nom de notre bateau ‘L’ivresse’ prend à ce moment là toute sa valeur.
La mer est calme et j’en profite pour prendre une douche. En allant dans l’eau je constate que durant toute cette traversée de très nombreux coquillages se sont installées sur la coque du bateau. Mais mon constat fut bref car dans les abysses de l’océan qui suggèrent irrémédiablement l’inconnu, je ne suis guère tranquille, sans doute les dernières séquelles du traumatisme des dents de la mer infligé à tous les enfants de ma génération … Merci Spielberg de nous avoir fait rêver et cauchemarder.
Aujourd’hui nous décidons de retenter notre chance à la pêche et sortons tout notre matériel de pêche, héritage d’une nostalgie d’autan. Héritage accumulé lors des nombreuses navigations aux côtés de mon père qui n’en avait, à proprement parlé, strictement rien à faire de pêcher mais qui su donner une passion à son fils aspiré davantage par les gros poissons que par les régates du dimanche. Héritage laissé également par un grand père adoptif dont je partageai la passion le temps d’une saison, et dont la canne à pêche symbole de cette symbiose rejoindra un jour les fonds de Nouméa, orginine géographique de cet héritage dont les histoires m’inspirait déjà la recherche de l’aventure maritime.
Au coucher du soleil l’une des quatre lignes alignées derrière le bateau prend un petit thon. Heureusement pour lui, il réussira à se décrocher quelques mètres derrière le bateau et regagnera sa liberté afin de passer la taille adulte, ce n’est pas plus mal.


29 décembre
La récompense ne se fait plus attendre et nous longeons lentement Hiva Hoa, une des principales île des Marquises. La lune se cache derrière une masse nuageuse qui laisse apparaitre dans l’obscurité la forme d’une tête dont les deux yeux brillants nous scrute au dessus de la montagne. Derrière notre dos, un énorme splouch, probablement une baleine nous fait sursauter.
Nous arrivons au mouillage pendant le lever du soleil. Celui ci se reflète sur la montagne et lui donne une formidable luminosité dans des tons de briques rouges. C’est magnifique, voir émouvant et nous  tombons completement sous le charme de cette île.
« On dirait que des montagnes entières se sont précipitées dans la mer comme de gioga,tesques cataractes de pierre. Ca et là,un formidable coups de hache : les ravins. Pas un bruit, pas un grillon, pas un chant d’oiseau. Nous avons l’impression d’entendre vraiment le silence, fascinés par la véritable beauté de cette côte »
‘Une description fidèle, même une photographie ne saurait expliquée ce que nous contemplons. Il y manquerait l’essentiel : une sorte d’émanation magnétique dégagée en bouffée de cette masse un peu effrayante par sa puissance d’envoutement »
Nous posons notre ancre et pesons notre fatigue puis décidons d’entammer un repos bien mérité avant d’approcher un univers qui sort de l’ordinaire.    

27 Novembre 2017, nous sommes maintenant dans la baie de Caraques en Équateur, voisins de Black Billy, un bateau australien qui navigue depuis 14 ans autour du monde avec à son bord un couple de retraités nommés Lulu et Sean. Il nous accueillent fabuleusement bien, ils viennent vers nous avec des croissants qu’ils nous offrent puis nous donne toutes les informations utiles si bien que nous connaissons les lieux avant même d’avoir mis pied à terre. En réalité le fonctionnement de la marina et de l’ensemble des services pouvant être fournis dans la région ne tournent qu’autour d’une seule personne et même personne, Geane. Geane est un américain originaire de Floride propriétaire du seul bar -restaurant et hôtel de la ville faisant face au mouillage où nous nous trouvons. L’escale à terre passe obligatoirement par ce bar-restaurant et regroupe donc naturellement tous les plaisanciers. Nous sommes en plein mois de Novembre, un des mois les plus bas de la saison, bien peu de bateaux sont présents ce qui permet à Geane de prendre le temps de nous accueillir. Il nous demande de ne pas hésiter à le solliciter, quelque soit notre besoin nous pourrons compter sur lui. Geane s’occupe aussi de toute la gestion du mouillage et de la location de l’ensemble des corps morts. Un corps mort est un objet (généralement une dalle de béton) très lourd enfoui au fond de la mer relié à une corde fixée sur une bouée et permettant amarrage d’un bateau sans son ancre. L’avantage d’un corps mort réside dans la sécurité car si une ancre peut glisser ou décrocher, cela en sera tout autrement d’un corps mort. Ici la location d’un corps mort coûte 250 $ / mois et si l’on désire rester au mouillage sur son ancre le tarif est de 100 $ / mois. Ces tarifs sont justifiés par la surveillance permanente des bateaux (un vigile reste sur place toute la nuit), par l’entretien du seul débarcadère pour annexe et par l’accès illimité en eau potable. Ces tarifs sont très corrects en comparaison des autres pays où il est interdit d’utiliser son ancre et où on doit parfois payer un corps mort onéreux (plus de 40 $ / jour) sans pour autant bénéficier d’aucun service particulier. Dans l’après midi en contrebas du village à seulement cinq minutes à pied, nous avons pu découvrir un grand centre commercial fort bien achalandé; c’est vraiment très pratique et cela nous donne encore une occasion de dépenser notre argent. Le soir nous retrouvons au bar-restaurant Lulu et Sean, notre voisin australien, avec qui nous partageons quelques litres de bières. C’est avec plaisir que nous abordons tous les sujets avec ce couple de retraités dont l’ouverture d’esprit n’a d’égal que leur gentillesse. Nous en profitons pour aborder la description de leur pays car il s’agira d’une de nos prochaines grandes étapes. A cette occasion Lulu nous met en garde et confirme la présence d’un racisme encore bien présent en Australie, que soit envers les français ou globalement envers quiconque d’origine différente qu’anglaise. En bref, il semblerait que les français soient considérés en Australie par certains chauvins un peu de la même manière que les arabes en France. La soirée passée avec Lulu et Sean est des plus agréables, nous partageons nos projets et futures routes de navigation, et malgré cela n’avions encore aucune idée que nous nous retrouverions des mois plus tard en Polynésie sur les îles Gambiers. Nous les remercierons à cette occasion des moments passés en Équateur en leur apportant quelques perles des Gambiers très difficile à se procurer pour des personnes ne parlant pas français. Ce matin nous nous levons sous d’épais nuages gris afin de réaliser quelques bricolages et surtout attendre la douane qui est au moment où j’écris ces lignes en train d’inspecter notre bateau voisin, Lulu et Sean. Ils sont trois agents et cela semble prendre du temps, c’est plutôt stressant surtout lorsque l’on sait que l’on a à son bord l’équivalent de 120 litres d’alcool et 75 cartouches de cigarettes. Nous sommes un peu nerveux, aux aguets, nous épions par les hublots les moindres faits et gestes de chaque douanier. En fait, c’est avec stupéfaction que nous constatons que les douaniers quittent notre voisin sans nous prêter la moindre attention. Nous avons pourtant hissé le pavillon jaune indiquant à la douane que nous attendons leur passage à bord avant de rejoindre la terre. Ils se contentent de nous saluer d’un geste de la main et s’en vont. Nous sommes aussi soulagés que perplexes, nous comprendrons plus tard que leur attitude est du à l’intervention de Geane qui conseilla aux douaniers d’éviter de perdre leur temps avec nous car nous partons le lendemain. Nous partirons ainsi sans rien payer en droits d’entrée dans le pays économisant 350 dollars et évitant une visite inopportune de la douane, merci Geane. Nous terminons les derniers travaux sur le bateau en particulier l’amélioration de l’installation de la radio BLU qui nous permet de capter la météo au large. Geane semble nous avoir pris sous son aile et passe l’après-midi avec nous. A la recherche d’un tourneur pour fabriquer notre nouveau poisson d’Hydro générateur, nous sillonnons la ville avec lui dans ce but mais c’est un spectacle de désolation qui s’offre à nous. « Terre brûlée au vent des landes de pierre » C’est le décor dont nous avons droit. Le décor d’une ville en ruine d’après guerre qui aurait été bombardée à différents endroits. Un séisme d’une très forte amplitude a eu lieu il y a quelques mois de cela et a détruit la ville faisant plusieurs centaines de morts. Des milliers de pauvres gens se sont retrouvées à la rue du jour au lendemain et ont dû être gérées en urgence par le gouvernement soutenu fort heureusement par la solidarité du peuple équatorien et différentes aides venues de l’extérieur. Geane nous explique que des manifestations vont bientôt avoir lieu car l’intervention du gouvernement est jugée beaucoup trop laxiste, pire il semblerait que certaines aides aient été détournées par certains corrompus. Tout ceci reste dramatique mais le mal semble s’être dissipé, la souffrance estompée tant est si bien que nous avons du mal à nous représenter l’étendue des dégâts. L’attitude optimiste des habitants et la vitesse à laquelle tout est reconstruit nous oblige à avoir un regard différent. Un bâtiment neuf surplombe l’épave d’une maison. Des gens viennent nous voir pour saluer Geane et leur faire part de leur reconnaissance, Geane les remercie humblement mais il nous confiera à demi mots qu’il ne se rappelle pas de ses interlocuteurs ni même de ce qu’il a bien pu faire pour eux. Il faut dire qu’au moment des faits, Geane n’a pas aidé seulement quelques personnes, il a aidé une ville entière et la manière dont il nous en parle semble rentrer dans le simple cadre du devoir citoyen. Le complexe hôtelier de Geane a aussi été détruit ainsi que l’un de ses appartements en ville mais ses moyens financiers lui ont permis de rapidement tout reconstruire . Le soir et pour terminer cette éprouvante journée, nous invitons Geane à boire une bière avec nous dans son propre bar-restaurant. Il accepte notre invitation, nous laisse prendre en charge la première tournée puis nous offrira les autres bières. Il y en eu beaucoup si bien que nous finirons à l’état d’ivresse ce qui est normal puisque c’est le nom de notre bateau. Mais ce qui contribua à cet état d’ivresse fut également les propos et anecdotes tenues par Geane, ex agent de la CIA. Gene Tatum nous décrit sa vie, une vie tellement trépidante qu’elle nous plonge purement et simplement dans un film biographique d’espionnage. Gene démarre sa carrière dans les années 70 en tant que pilote d’hélicoptère dans les forces spéciales américaines et participe à de nombreux conflits. Durant cette période, il aura l’occasion de se cracher trois fois, résultats de belles cicatrices qu’il nous montre fièrement à côté de deux impacts de balles sur lesquelles il restera plus évasif. Geane rejoindra par la suite la CIA pour réaliser de nombreuses missions et tenir de nombreux rôles sous différentes identités. Dans un premier temps, il travailla dans différentes affaires internes d’Amérique en tant qu’espion pour le compte d’illustres personnages politiques tels que Georges w Bush. Puis on lui confia des missions à l’étranger en tant qu’espion, principalement en Amérique du sud, sur des sujets sensibles au sein de pays jouant un rôle dans la stratégie économique du gouvernement américain. Si le permis de tuer de James Bond reste de l’ordre de la fiction, les moyens employés par la CIA pour encourager telle révolution ou au contraire destituer tel dictateur semblent illimités tant les enjeux économiques sont importants. Nous n’avons pas demandé à Gene s’il avait déjà tué une personne dans sa vie; nous connaissions déjà la réponse et la question fut aussi naïve que dérangeante. Quand vous appartenez à la CIA et collaborez directement ou directement avec des seigneurs de guerre, des trafiquants de drogue, des politiques corrompus ou des mercenaires cette question ne se pose plus. Enfin Geane termina sa carrière dans les années 90 en rejoignant une cellule spéciale de la CIA appelée Pegasus regroupant les activités terrorisme et narco trafiquant. C’est à ce moment là qu’il put intervenir dans l’affaire Pablo Escobar, de loin le plus gros narco trafiquant au monde. Nous interrogeant sur la véracité des propos tenus et la décontraction avec laquelle Geane raconte ses péripéties sorties d’un univers parallèle, nous lui faisons part de notre étonnement. Il nous fait alors comprendre que sa vie est déjà racontée dans un livre biographique que l’on peut facilement trouver sur internet. Effectivement après quelques recherche, nous avons pu trouver son livre et bien plus encore puisqu’il existe trois sites internet qui retracent les différents faits exposés : http://ppia.wikia.com/wiki/Chip_Tatum http://chiptatum.com http://wikiarmy.com Dans les années 1990, Geane se fit passer pour mort afin de retrouver une certaine liberté et sérénité (il semble qu’il ait eu quelques ennemis). Peut être aussi est ce le programme de la CIA pour les espions ayant travaillé de nombreuses années et à qui ils souhaitent redonner une nouvelle vie. Toujours est il que Geane réapparut 10 ans pour révéler dans son livre et sur internet des faits tenus secrets très longtemps. Durant cette période Geane créa et dirigea une entreprise importante en Californie qui consistait à s’occuper d’une partie de la maintenance des équipements électroniques (notamment les radars) de l’armée américaine. Puis profitant de ses relations privilégiés avec de hauts fonctionnaires d’Amérique du sud, il développa une ferme dans la culture de la marijuana en partenariat et sous le contrôle du gouvernement colombien (à des fins thérapeutiques) puis reprit en mains la principale marina présente en Équateur, celle de Caraques où nous nous trouvons actuellement. Je ne vous cache pas que la soirée fut exaltante, nous buvions les paroles de Geane autant que les bières qu’il nous offrait. Mais ce qui nous toucha le plus fut d’acquérir aussi rapidement la confiance et l’amitié de cet homme qui sut ce soir là nous éclairer sur la vérité de faits troublants, nous faisons transiter de la fiction à la réalité. Pour conclure la soirée et à notre grande surprise, Geane nous informe que nous pouvons rester à la marina gratuitement. Il ajoute que si nous le souhaitions, nous pourrions aussi travailler pour lui. Nous nous occuperions du développement commercial de sa Marina pour toute la partie française. Nous serions en charge de l’ensemble des réservations effectuées par les bateaux français sur lesquelles nous pourrions percevoir une commission de 10 %. C’est une grande marque de confiance mais j’ai beau faire le calcul dans tous les sens, ce travail ne nous permettra pas de gagner notre vie, même en équateur. C’est néanmoins très intéressant en tant qu’apport complémentaire et j’accepte de prendre en charge la communication et la gestion des réservations qui passeraient par un site web spécifique aux français que j’aurais développé. Nous partirons comme prévu pour la Polynésie et je verrai une fois arrivée ce que je peux faire dans ce sens. Mon optimisme de départ fut hélas rapidement tronqué par la vie que nous mènerons sur place et le fait qu’internet soit une denrée rare. Dans tous les cas le développement de ce site sera une occasion de s’occuper durant la longue traversée du pacifique qui nous attend (presque un mois en mer). Je devrai donc développer à bord ce site web ainsi que le nouveau site web qui remplacera notre ancien blog. Ces sites web fins prêts, il n’y aura plus qu’à les mettre en ligne une fois connecté à Internet. A la vitesse du débit que l’on trouvera en arrivant aux Marquises, c’est presque une semaine (la nuit) qu’il m’aura fallu pour la mise en ligne du site sur lequel vous vous trouvez actuellement. D’autres projets bien que démarrés à bord durant la transpacifique ont été mis de côté, ils devraient voir le jour prochainement : – Un publi reportage et un montage vidéo pour vous faire partager ce que sont les sanblas (une expérience unique au monde) – L’édition et le montage des vidéos de plongée réalisées avec la go pro (raies, raiemoras, tortues, requins, dauphins, …) – Mise en lignes des articles et des photos sur la Polynésie et témoignage de notre premier invité en Polynésie (article en attente) Mais le projet qui me tient le plus à coeur verra le jour des mois plus tard pour tuer l’ennui lors d’un confinement obligatoire imposé par la pandémie du coronavirus …

Aujourd’hui 1er décembre, ce jour est le grand jour, le premier jour de la conquête de l’espace maritime. Le départ vers un horizon infini dont la première escale sera les Galapagos, lieu rendu mythique de part la richesse de son environnement aujourd’hui scrupuleusement surveillé et protégé. Nous constatons que la date de notre départ est plutôt pratique car par la suite il nous suffira de connaître la date du jour pour connaître instantanément et sans plus de calculs le nombre de jours écoulés. Nous sortons de la baie de Caraques mais le départ est difficile, nous devons slalomer entre des bancs de sable en avançant à la vitesse d’un bulot (l’équivalent d’un escargot des mers) car nous faisons face à des vagues puissantes qui déferlent parfois sur les bancs de sables situés juste à côté de nous. Nous n’utilisons pas d’autre moyen de propulsion que le moteur afin de maintenir une route précise et parcourrons l’équivalent de 5 kilomètres en deux heures (soit la moitié de la distance qu’aurait parcourue une mémé à pieds dans le même temps). Nous sortons soulagés et mettons à présent les voiles mais quelques temps plus tard une autre difficulté se présente. Pourquoi une barque de pêche nous suit elle depuis maintenant plus d’une demi-heure ? Telle fut la question de Valérie appréhendant fortement cette situation. Il faut dire que des conversations avec les locaux et Gene pointaient du doigt le risque de piraterie dans le secteur.
– Mais non, tu n’as pas à t’inquiéter ma chérie, s’ils avaient voulus nous attaquer ce serait fait depuis longtemps. S’ils mettent les gazs, ils nous rattraperons en moins de deux minutes.
Rétorquais-je
Après 3/4 d’heure de poursuite inexplicable je décide néanmoins de jouer la prudence.
– Ecoute, je pense qu’il n’y a aucun danger mais sait on jamais je préfère être trop prudent … Il va faire nuit dans 5 minutes. Lorsque nous serons dans le noir, nous éteindrons toutes les lumières du bateau et virerons de bord. Cette barque ne sera alors plus en mesure de nous suivre.  
Valérie soulagée, nous exécutons ce virement de bord mais soudainement nous nous trouvons de nouveau face à nous une lumière qui se rapproche. Sans doute une autre barque, elle nous oblige à réaliser un nouveau virement de bord. Peu après nous trouvons encore à quelques milles devant notre étrave deux autres lumières, une légèrement sur bâbord et l’autre sur tribord. Celle sur bâbord utilise une lumière stromboscopique verte très puissante, le genre de lumière utilisée au dessus d’une discothèque dans le ciel pour la localiser. Nous sommes complètement aveuglés et personnellement de plus en plus énervé. Entre ces nombreux virements de bord, Il m’arrivera même de jurer …. Enfin, un dernier virement de bord afin de nous repositionner sur la bonne route et nous voilà sorti de ce champs de  mines, direction les Galapagos. La sérénité reprend sa place et psychologiquement parlant, il est plus confortable de se dire que nous faisons escale dans cinq jours aux Galapagos plutôt que dans un mois aux Marquises.

03 décembre
Deux jours après notre départ, nous avons parcouru 275 milles soit approximativement 500 kms. Il en reste tout autant pour arriver aux Galapagos et sommes donc à mi parcours pour arriver aux Galapagos. Dans le même temps, nous nous disons que cette distance déjà réalisée ne représente en fait que 1/10 de la véritable route qui nous mènera en Polynésie. Depuis notre départ les conditions météorologiques sont favorables,  nous avons toujours eu du vent et n’avons jamais eu à mettre le moteur, dans ce sens nous continuons donc de solliciter les faveurs d’Eole. Et pour la première fois depuis notre départ nous avons aussi un magnifique ciel bleu sans un seul nuage. A ce moment là, naviguer devient un vrai plaisir, un moment magique dont on profite au maximum ne pensant pas que cela puisse durer …  En extase devant de petits oiseux qui nous suivent , nous assistons soudain à un drôle de spectacle. Un oiseau sorti de nulle part vient attaquer ces petits oiseux pourtant si paisibles ! Ces petits oiseux ne payent pas de mine devant l’envergure impressionnante de ce grand prédateur et des sifflements stridents se font bientôt entendre. C’est l’attaque d’un Boeing 747 sur un ULM à laquelle nous assistons, la puissance contre l’agilité, sauf qu’en réalité de telles prouesses aériennes ne sauraient être reproduites par aucun avion. Ce spectacle durera 10 minutes, il y eu peut être quelques blessés mais fort heureusement aucun décès.
À la fin de la journée, nous avons droit à un magnifique coucher de soleil qui laissera place à une plein lune admirable. La lune flotte sur l’horizon et ses reflets orangers illuminent toute la mer, elle  semble si proche qu’il est facile de discerner chacun de ses cratères.  Cette nuit semble dans la lignée de la journée que nous venons de passer, en somme magnifique.

04 décembre
Nous avons parcouru 136 milles en 24 heures soit approximativement 250 km. L’équivalent d’un Montpellier-Lyon effectué en deux heures de voiture ou en une heure de TGV. La notion d’espace temps en mer sur un bateau est radicalement différente que sur terre. Plusieurs jours passés en mer vous fait vraiment entrer dans une nouvelle dimension où la distorsion espace temps enlève toute valeur à ces mots. Qu’est ce que l’espace lorsque l’on se trouve sur un horizon infini ? Que devient le temps lorsque l’écoulement de celui ci n’est plus mesuré ? Dans l’immensité du Pacifique on ne compte plus les heures et nous glissons doucement dans un état léthargique propice à la méditation. Plus rien n’a d’importance que le champ d’écume qui berce le bateau et le bruissement du vent dans les voiles.
Trois oiseaux fatigués se reposent et jacassent sur le bastingage du bateau m’extirpant de ma stupeur. Ces oiseux libres comme l’air me font réfléchir à ce que réellement la liberté. Cette liberté si évidente chez ces oiseaux, que devient-elle une fois transposée à l’Homme ? Je suis certain que la liberté est une source de bonheur mais elle en effraie plus d’un. Nous avons été conditionnés dans notre société pour croire à la liberté sans jamais y accéder. Nous avons la possibilité d’organiser les trois semaines de vacances que l’on nous a octroyé dans l’année mais peut on réellement partir pour de bon, réaliser ses rêves et ses projets sans limite de temps ou d’argent ? Je parle d’argent car celui ci semble aussi être la clef pour parvenir à la liberté. Trop pauvres nous devenons esclaves de chaînes d’argent, Trop riches nous devenons les maîtres de la servitude de l’argent. Trop pauvres, il sera impossible de s’acheter ne serait ce qu’un ticket de bus pour s’évader. Trop riches, on a beaucoup trop à perdre et c’est le début de l’angoisse. Economiser, rentabiliser, fructifier, capitaliser deviennent  les maîtres mots, l’unité du temps devient argent et il semble alors impossible de s’évader. L’idéal semble donc être entre les deux, riche mais pas trops. En tout cas, à mon sens l’unique richesse qui vaille vraiment le coup réside dans ce que l’on a au fond de son âme et non pas au fond de son porte monnaie. Dans l’au-delà, l’âme perdurera quand le papier brulera. Durant nos voyages, j’ai pu constater que les plus heureux sont systématiquement des gens libres qui indépendamment de l’argent qu’ils possèdent savent se satisfaire du necessaire. Il y a chez eux comme un esprit de contentement et de simplicité. Un jour que nous prenions le taxi, je proposai à un ami millionnaire de partager le taxi avec nous ce qui lui éviterait d’avoir à prendre le bus et gagner ainsi beaucoup de temps. Il refusa et m’expliqua alors pourquoi afin de pouvoir en tirer une leçon. Pour lui la vraie vie ne résidait pas dans la facilité, elle devait être gagnée au jour le jour et prendre le bus était pour lui un moyen de se réaliser, de rester spectateur des événements qui se déroulaient sous ses yeux, de savourer le temps présent et de découvrir en présence des habitants la ville au format panoramique. La dernière chose dont il aurait eu envie à ce moment là fut un moyen rapide de se déplacer et je pense qu’il aurait probablement banni la téléportation si elle avait existée.  
Les personnes libres savent s’adapter quelque soit leur environnement pour se concentrer sur le moment présent, je les compare souvent aux caméléons du bonheur. En tant que capitaine, je dois systématiquement m’adapter aux conditions, plus ou moins pénibles, afin de suivre le cap que j’ai choisi et me demande alors si liberté n’est pas simplement le cap que l’on suit dans l’accomplissement de ses choix …      

5 décembre
Depuis ce matin nous évoluons dans une mer agitée, le bateau file à sept nœuds sous grande voile réduite et trinquette. Les vagues sont assez grosses d’une hauteur atteignant parfois 4 m et le cockpit a déjà été submergé plusieurs fois. Valérie dort tranquillement sans imaginer ce qui l’attend dehors, tant mieux, j’espère qu’elle va encore dormir  longtemps. Dans tous les cas si elle éveille le soupçon d’une situation inconfortable, je ferai mine de ne rien savoir car à quoi bon lui avouer que sa peur est légitime ? Mais la situation n’est pas si inconfortable car le bateau à ma grande surprise négocie parfaitement toutes les vagues et passe tout en souplesse, évitant la plupart des vagues et s’inclinant devant les plus grosses. Si cela n’avait pas été le cas, j’aurais changé d’allure, cela signifie donc qu’il s’agit davantage d’une forte houle que de vagues réellement méchante, appelées communément déferlantes et qui peuvent pour les plus grosses engloutir un bateau comme le notre en une fois. Plus que 24 heures pour atteindre les îles Galapagos, nous avons vraiment hâte de nous mettre à l’abri.
6 décembre
La politique aux Galapagos consiste à repousser le plaisancier qui, s’il souhaite tout de même y accéder devra s’acquitter d’un droit d’entrée faramineux de 1500 euros avec la permission de rester un maximum de 3 semaines toujours en restant toujours dans la même baie ce qui implique de payer des services supplémentaires pour se déplacer dans l’île. On est très loin des circum navigateurs qui lorsqu’ils traversaient le pacifique se rendaient systématiquement sur ces îles qui étaient alors encore vierges. Le nombre de plaisanciers présents dans ces îles a drastiquement chuté mais cela semble être la conséquence volontaire d’une politique incompréhensible pour certains mais quelque peu logique pour ceux qui ne pensent qu’à la conservation de ces îlots paradisiaques. Cette politique est appliquée de manière rigoureuse, attention à ceux qui essaieraient de tricher ou de contourner les lois présentes. C’est pourtant bien ce que nous avons l’intention de faire car nous sommes face à un cruel dilemme : il est inconcevable pour nous de payer 1500 euros et tout aussi inconcevable de passer à côté de cette étape incontournable. Nous allons tricher sur un principe très simple : nous pensons avoir le droit (encore aujourd’hui mais pour combien de temps) de naviguer partout dans le monde à la vitesse que nous souhaitons et ce n’est tout de même pas de notre faute si les Galapagos se trouvent sur notre route. Nous ne pourrons pas toucher pied terre mais pourrons aller d’île en île afin de découvrir par la mer pendant deux jours les îles Galapagos.
Nous fûmes récompensés outre mesure de notre témérité, les moments passés à naviguer entre ces îlots nous laisse une marque indélébile. Nous arrivons sur la première île dans une atmosphère apaisante, sous un ciel bleu et un climat des plus agréables. Nous longeons la côte et apercevons de grands ailerons noirs sortir de l’eau, probablement de grands requins. Nous étions à l’avant du bateau pour mieux les observer lorsque nous aperçûmes une immense tache sombre passer sous le bateau. Nous avons clairement  distingué et identifier cette raie Manta d’une envergure de 7 mètres. Nous en restons bouche baie pendant plusieurs minutes, nous n’avions encore jamais rien vu d’aussi grand. Nous continuons à avancer et à découvrir les paysages grandioses des Galapagos, difficiles à décrire en quelques mots. D’aspect lunaire, la terre d’aspect rougeâtre contraste avec le bleu de la mer qui se marie si bien avec celui du ciel. Certains endroits de l’île me font penser aux plus beaux reflets que peut revêtir la Corse lorsque les jeux de lumière exercés par le soleil ont décidé de la sublimer. Mais on ressent encore ici davantage l’esprit sauvage de ce lieu mythique, l’intensité de la nature nous rappelle que nous sommes bien sur l’un des joyaux du pacifique perdu dans l’océan le plus grand de ce monde.   
7 décembre
Nous arrivons au mouillage de Santa Cruz à minuit après s’être battu contre un vent et une mer de face nous obligeant à tirer de nombreux bords de pré. Malgré la fatigue nous quitterons ce mouillage à 6 heures du matin car nous ne devons pas éveiller les soupçons des agents présents dans le coin. Mais lors de notre départ, un bateau à moteur nous suit. Cela inaugure t-il des complications ? Non, il s’écartera au bout de quelques minutes, nous pouvons respirer et profiter de notre clandestinité. Nous naviguons vers l’îlôt Tortugua, un petit bout de cailloux de rien du tout qui a poussé dans l’océan comme un champignon pousse dans une forêt. En théorie, toutes les îles et îlots du pacifique sont issues d’activité volcanique mais en côtoyant ces abrupts terres, on aurait plutôt l’impression d’origines mythiques. D’ailleurs les sismologues, volcanologues et autres scientifiques n’ont pas encore réussi à expliquer la provenance de toutes les îles du pacifique malgré leurs nombreuses recherches. En approchant de Tortugua, de nombreux oiseux de toute beauté balaient le ciel entre terre et mer. Etant donné leur abondance et leur diversité, il n’y aucun doute sur le fait que cet endroit soit un véritable paradis pour tout ornitologue qui se respecte. Et pour tous les plongeurs aussi tant les eaux semblent poissonneuses. Un gros thon jaune réalise quelques bonds prodigieux devant l’étrave du bateau mais celui ci a l’air effrayé comme pourchassé par un plus gros prédateur. Nous avons croisé le regard de ce poisson et celui ci était annonciateur d’une importante activité sous l’eau.
Nous passons l’îlôt Tortugua et ne tardons pas à rejoindre l’île Isabella. C’est en longeant cette île que nous avons eu notre plus beau cadeau, la récompense de ce que nous venions chercher aux Galapagos : les phoques. Ils sont joueurs, se déplacent souvent en famille et sortent leur petit museau de l’eau pour nous dire bonjour. Ils sont adorables, je pensais jusqu’à aujourd’hui que le seul et unique ami du marin était le dauphin, je me suis trompé car le phoque semble doté de la même intelligence et d’une grande sympathie. Certains phoques effectuent des cercles autour de nous tout en s’adonnant à toutes les nages possibles. pour notre plus grand bonheur, nous passerons notre après midi à naviguer avec eux ce qui constituera en soi une expérience inoubliable. Nous terminerons cette journée avec un magnifique coucher de soleil sur les Galapagos, une raie s’adonnera à un grand salto hors de l’eau pendant que les oiseaux eux resteront indifférents à tout ceci, se reposant sur l’eau et se confondant avec les derniers phoques de l’horizon. Quelques milles plus au large, nous nous laisserons dériver dans un calme olympien pour profiter d’une dernière nuit révélatrice de songes magiques aux Galapagos.           

Le Panama est aussi un merveilleux pays à explorer, tout le temps ou nous sommes restés ici nous n’avons cessé d’entendre des récits animaux sauvages en liberté que soit les singes ou les jaguars ainsi que d’attaques de crocodiles dans certains mouillages. Valerie sera d’accord avec moi puisqu’elle a eu la chance d’observer en liberté lors d’une randonnée un toucan, fameux oiseaux ressemblant a une fabuleuse peluche. Mais mon coup de cœur revient à une province du Panama appelée Kuna Yala où vivent d’authentiques indiens. Ma rencontre avec cette region sauvage fut pour moi un moment riche, intense, émouvant voir parfois même éprouvant. Mais pour faire simple et en seulement quelques lignes je dirais que c’est une leçon de vie qui en ressort, cette lecon de vie acquise aupres des indiens pourrait se denommer A Kuna Matata « c’est mot signifie que tu vivras ta vie sans aucun souci philosophie ». Mais je rajouterai que cette lecon reflete aussi un art de vivre « il en faut peu pour être heureux … il faut savoir se satisfaire du nécessaire ». Bon j’arrête mon trip Walt Disney j’avoue un peu honteusement car c’est tout ce que j’ai trouvé pour décrire la noblesse des indiens Kuna qui en restant à l’état sauvage ont su préserver leur culture et leur tradition afin de rester fidèle à eux-mêmes. Un autre article décortiquera la recette qui rend cet endroit si magique.

Depuis toujours, l’homme a su s’accaparer tout territoire pouvant être conquis ; imposant ses eus et coutumes, et n’épargnant rien ni personne sur son passage. Depuis, mère modernité est passée par là et a emportée avec elle la mémoire des origines ancestrales. Il peut alors paraitre légitime de se demander s’il existe encore dans notre bas monde un endroit préservé sur lequel une civilisation aurait réussi à sauvegarder son authenticité ? Après être passé par le territoire des authentiques indiens Kuna, je peux vous assurer que de tels endroits existent encore bel et bien.

Kuna Yala (de son nom d’origine) a été rebaptisé Las San Blas et se trouve être l’un des derniers territoires indiens indépendants du Panama. Cette autarcie est géographiquement située en bordure de la côte atlantique et comprend 350 îles limitrophes. L’histoire nous montre que pour se protéger du danger que représentaient les conquistadors, les indiens se sont réfugiées sur ces îles bien plus difficiles d’accès ; les préservant ainsi de l’invasion occidentale. L’accès à cette civilisation et à la découverte des Kuna se fait exclusivement en bateau ce qui est une aubaine pour les explorateurs marins que nous sommes. 

Rappelez vous Wall Dysney, Le roi lion, « A Kuna matata ; mais quelle phrase magnifique …  Ces mots signifient que tu vivras ta vie sans aucun soucis ; philosophie ! » Ce n’est pas pour le jeu de mot A Kuna Matatata avec Kuna Yala que je cite ce refrain mais bien parce que le sens de celui-ci colle parfaitement avec l’univers que nous découvrons sur place ! La philosophie de vie des indiens Kuna réside dans la simplicité et le contentement, l’harmonie avec la nature, et un certain attachement pour sa famille et plus généralement son village ; l’altruisme envers son prochain étant confondu avec la bienveillance régnant dans chaque village et de manière plus générale le fonctionnement de celui-ci. Durant tout notre séjour sur ce territoire il fut impossible d’être le témoin d’une plainte ou d’une querelle tant les membres de la communauté sont liés par une certaine intelligence qui semble venir davantage du cœur. Le philosophe trouvera ici bien des ressources à son étude tout comme le sociologue puisque les mœurs des kunas, radicalement diffèrent des nôtres, sont restés intacts.

L’organisation de la vie des Kunas est régie par le travail qui consiste pour l’homme en la culture, la chasse et la pêche. Pour la femme en des tâches ménagères (elles sont responsables de la propreté du village) et en l’éducation des enfants mais la majorité de leur temps est dédié à la fabrication puis à la vente de Molas.

Véritables œuvres d’art ; les molas sont des compositions fabriquées à partir de bouts de tissus et cousus entre eux afin de dessiner un motif particulier. Ces motifs ont tous une signification précise et retracent pour la plupart les activités des Kunas ainsi que leur environnement.

Les femmes Kuna, déjà belle de nature, sont sublimées par l’assortiment de couleurs qu’elles portent. Elle se coiffe généralement d’un plaide, porte en guise de jupe un pareo ; elle se couvre de molas et le reste de sa parure est composée de bracelets et de colliers faits de fils et de perles de rocaille. L’anneau nasal en or qu’elles portent fièrement a la même signification que la bague au doigt pour nous autres occidentaux. Enfin,  Les enfants quand à eux s’habillent plus simplement ou avec l’uniforme officiel pour rejoindre l’école en pirogue.

Le village est composé d’habitations traditionnelles aux toits de palme et aux murs de roseau. Il s’organise autour du sahila qui est le chef du village, celui-ci est élu à vie et joue un rôle très important dans le fonctionnement du village. Bienveillant ; conservateur ou progressiste ; il est le garant de la légifération et de l’application des lois. Beaucoup sont communes à l’ensemble des villages comme l’interdiction de consommer de l’alcool en dehors du samedi soir ou l’interdiction de se marier avec un étranger mais d’autres sont spécifiques à certains villages comme l’interdiction de communiquer avec un étranger. Le soir, un congresso se tient dans la plus grande hutte du village ; il s’agit d’une réunion orchestrée par le sahila qui réunit tous les hommes du village pour établir le bilan de la journée. La même réunion a lieu au moins une fois par semaine pour réunir toutes les femmes de la communauté auprès du sahila. Le sahila est l’homme le plus important avant même le shaman qui tient un rôle spirituel, un peu à l’image d’un prêtre, ou le Nele qui prodigue l’ensemble des soins au Kuna lorsqu’ils sont malades.

Bien que la médecine moderne soit accessible aux Kunas grâce aux hôpitaux situés dans les  différentes agglomérations du Panama ; un grand crédit est apporté au Nele dont l’ensemble des guérisons lui revient. Pour le Kuna ; la guérison du corps passe avant tout par la guérison de l’esprit ; un travail spirituel doit donc être apporté avant toute chose et c’est la raison pour laquelle il s’adressera systématiquement au Nele. Le Nele prodigue ses soins principalement à base de plantes et d’incantations mais le plus curieux est l’utilisation de statuettes appelées Nuchu. Elles représentent le malade et sont habitées par l’esprit de celui-ci. C’est Grâce à ces statuettes que le Nele communique avec son patient durant son sommeil et parvient à accéder à son inconscient pour identifier le mal qui le ronge et y remédier.

Une question intéressante à poser à un Kuna consistera à lui demander ce qui matériellement est le plus cher à ses yeux. La réponse sera systématiquement la même : son hamac. Cela est du au fait que le Kuna évolue tout le long de sa vie auprès de son hamac ; il nait dans le hamac, il dort et mange dans le hamac, il se marie dans le hamac puis meurt enterré avec son hamac.  Pour toutes ces raisons le hamac est l’objet auquel le Kuna attache le plus de valeur, bien loin de nos référentiels européens.

Les Kunas ont du payer un lourd tribu en vue de la conservation de leur modes de vie notamment en 1925 ou ils durent combattre le gouvernement panaméen pour conserver leurs indépendance. Les kunas ont eu l’intelligence et l’intransigeance nécessaire envers l’étranger pour conserver leurs traditions et leurs coutumes sans lesquelles le peuple tend à s’oublier et donc à disparaitre.

Vivre auprès des kuna fut une expérience extraordinairement dépaysante et fut l’occasion d’oublier un temps tout ce que l’on sait de notre société au sein d’un monde où seule l’harmonie règne.

Il est néanmoins à craindre que cette expérience dans un proche avenir appartienne au domaine du mythe car les envahisseurs d’aujourd’hui n’ont jamais été plus nombreux, l’appel à la modernité jamais inégalée et la tentation de se conformer n’a jamais été aussi alléchante.

Les Kuna auront résisté à tous les envahisseurs mais la partie contre le tourisme de masse semble mal engagée. La langue Kuna est progressivement remplacée par l’espagnol, les nouvelles routes ont permis un accès plus facile au Panama et les pirogues ont laissés place aux bateaux à moteur en vue de transporter rapidement les touristes qui imposent au passage une nouvelle gestion de déchets plastique intraitable sur place. Ce ne sont là que les premiers signes avant coureurs d’une certaine perte d’identité dans la région la plus touristique des San blas. Ceci étant, il existe encore fort heureusement bon nombre de terres Kuna bien plus éloignées et donc toujours protégées.

Ci dessous notre reportage vidéo des San Blas avec notre ami local qui nous a servi de guide …

17 Novembre 2017, c’est avec une immense joie que je me réveille ce matin dès l’aube, je suis aux aguets afin de retrouver le son de cloche de la liberté. Je réveille Valérie, aussi excité qu’un enfant prêt à déballer ses cadeaux le soir de Noël. Ces cadeaux c’est mère nature qui va nous les offrir durant tout notre périple. Je sais que la plupart de ces cadeaux seront magnifiques car mère nature est belle et généreuse. Nous venons d’initier le premier jour d’une longue route estimée à un mois qui nous mènera de Panama aux îles Marquises. A la frontière d’un Nouveau Monde, à la frontière du bout du monde nous avons le sentiment d’atteindre le point culminant de notre apogée, un point de non retour. Lorsque nous serons arrivés dans ce nouveau monde, continuer le voyage vers l’est ou vers l’ouest ne fera que nous rapprocher inexorablement de la civilisation. Au moment où j’écris ces lignes nous sommes en navigation vers les îles Perlas situées au large de la côte pacifique du Panama. Je m’interrompts quelques instants pour slalomer entre des troncs d’arbres qui encerclent le bateau au gré de notre avancée. Nous sommes déjà entrés en collision avec des OFNI (objets flottants non identifiés) de ce genre et savons qu’à petite vitesse nous n’avons rien à craindre. Nous continuons notre route tout en pensant aux trois mois que nous venons de passer dans ce pays à la fois mystique et contrasté qu’est le Panama. Mystique pour le côté atlantique regroupant les terres des indiens Kuna et les côtes sauvages sur lesquelles on trouve une faune et une flore impressionnante, contrasté de par la représentativité de l’espèce humaine. Le Panama est un méli-mélo de genres humains très américanisés. On y retrouve d’ailleurs les mêmes aspects de la première vague d’immigration du début de l’histoire américaine. La population y est très hétéroclite, le manque d’éducation parfois prononcé et le contraste entre riches et pauvres très marqué. Colomb est une ville très pauvre dans laquelle il n’est pas question de s’aventurer à pieds même la journée. Un ami m’avit raconté qu’il s’était rendu un jour aux urgance de l’hopital de cette ville et avait pu y constaté un scénario de guerre. Une petite fille venait d’arriver car elle avait pris une balle perdue dans la tête. A l’opposé, Panama city est une ville à l’américaine, une sorte de mini Miami, composée d’un grand nombre de tours et d’un centre commercial d’une taille nettement supérieure aux halles de Paris. Comme Panama est aussi le pays de la malbouffe, nous pouvons y trouver des zones regroupant plus d’une quarantaine de fastfood juxtaposés les uns à côté des autres. Enfin, le Panama est aussi le pays de la liberté d’entreprise dans lequel la réussite ne semble tenir qu’a l’énergie insufflée au sein de ses affaires. Ici on ne se bat pas contre l’administration, on crée tout simplement sans arrière pensée, puis si cela doit un jour poser un problème, on s’arrange avec les lois pour que tout le monde soit content. Il y a bien entendu une forte corruption mais celle-ci dans bon nombre de cas s’avère être dans le contentement de tous. Exemple d’un cas réel, vous êtes en moto et rentrez d’une soirée bien arrosée puis vous vous faîtes contrôler par la police. Ici au Panama, vous donnez un peu d’argent et on vous laissera circuler, mais si vous n’avez pas d’argent sur vous, laissez votre vieux mobile en gage cela fera aussi l’affaire. En France vous perdriez votre permis, on immobilisera votre moyen de transport et vous perdriez votre travail car vous n’auriez plus moyen de vous y rendre. Les îles perlasse sont à présent juste devant nous mais nous nous trouvons dans une situation extraordinaire. Nous sommes entourées de raies qui ne cessent d’essayer de prendre leur envol en sautant le plus haut possible dans le ciel tout en battant des ailes, ou devrais je dire des nageoires. Nous contemplons le cœur empli de joie ce spectacle grandiose qui durera plusieurs dizaines de minutes. Il y en a de plus en plus et certaines d’entre elles s’exercent à des figures de haute voltige, d’autres s’efforcent de réaliser consécutivement le plus grand nombre de sauts afin de rester en l’air le plus longtemps possible. Ces raies sont majestueuses ! Merci mère nature pour ce premier cadeau. Je ne m’attendais pas a un second cadeau dans lequel nous découvrons des dauphins qui nous accompagneront jusqu’à notre mouillage. Nous Mouillons enfin notre ancre et profitons d’une eau clair et transparente, une invitation à la baignade … 18 19 novembre 2017 Nous avons posé l’ancre sur l’île de San Pedro Gonzales sur les iles perlas pour visiter le village d’en face. Nous commençons à sentir le côté quelque peu isolé du pacifique lorsque nous comprenons qu’une connexion internet qui permettrait de prendre la météo ne sera pas facile à trouver et son côté magique puisque nous finirons par accéder à internet grâce à un habitant qui nous prête sa carte Sim pour la mettre dans notre Iphone. Encore faut il trouver le fameux trombone légendaire permettant d’ouvrir la fameuse trappe Sim du téléphone. Et là ce sont tous les enfants qui partent en quête de cet accessoire. Finalement ce sera la boucle d’oreille d’une adolescente qui fera l’affaire. En possession d’une météo n’annonçant rien de mauvais, nous pouvons à présent partir. Mais durant la nuit nous sommes réveillé par le bruit de la chaîne du bateau qui tire vraiment trop fort sans raison apparente. Nous sortons, nous effleurons quelques chauves-souris et constatons un ciel magnifiquement étoilé avant de constater qu’il est impossible de remonter la chaîne prisonnière d’un corps mort. Le lendemain nous libérerons notre ancre et nous afférons aux derniers préparatifs : vidange de l’inverseur, rangement de l’annexe, aménagement du bateau, … et enfin carénage (ce terme désigne l’action de nettoyer la coque d’un bateau qui se salit régulièrement en présence de l’eau de mer). Je plonge et constate avec stupéfaction l’état lamentable de la coque du bateau sur laquelle des centaines de coquillages ont pris domicile. L’état de la carène du bateau ne peut être dû qu’au fait que la baie de Panama est l’une des plus polluées au monde. Nous passerons des heures à enlever ces coquillages. Nous avions pourtant sorti le bateau de l’eau en Colombie il y a seulement quelques mois pour tout nettoyer et réappliquer une couche de peinture spéciale appelée antifouling. Cette peinture n’est pas décorative et a pour seul but de limiter au maximum l’adhérence des parasites comme les coquillages. Si nous partons du principe que l’on est jamais mieux servi que par soi même, nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous même car nous avions confié le travail à un local afin de nous laisser la liberté d’un road trip sillonnant la Sierra Nevada. La Colombie est un pays controversé mais qui ne mérite pas sa réputation sulfureuse, nous nous y sommes systématiquement sentis en sécurité. Bien sûr quelques précautions sont à prendre comme ne pas se promener dans certains quartiers de Medelin, ville faisant parti du top 20 mondial des villes dont le taux de criminalité est le plus important, mais cet état de fait est également vérifié dans quasiment tous les autres pays. Pour l’exemple, qui aurait l’audace d’aller flirter avec certains quartiers du nord de Marseille ? Pour notre part notre audace s’arrêtera à une vision panoramique dans le métro des quartiers pauvres de Medelin ressemblant pour beaucoup aux favelas du Brésil. Il semblerait qu’aujourd’hui, même la police n’ose plus se rendre dans ces zones urbaines. Dans certaines villes, il est aussi possible de constater ce que l’on appelle localement les tours ‘cocaïnes’. Ce sont de somptueux gratte ciel inoccupés car le montant des loyers ne permet pas de trouver preneurs. Leurs constructions est donc quelques peu douteuses car comment expliquer cette rentabilité nulle. Elle est dûe soit au plus mauvais calcul du siècle soit au contraire à un habile montage financier permettant à certains de se laver les mains. Néanmoins cette économie ambigüe semble participer activement a la prospérité du pays. Cela a commencé il y a bien longtemps avec Pablo Escobar qui su industrialisé la fabrication de cocaïne et optimiser le flux logistique, preuve qu’un diplôme d’ingénieur en production industrielle comme le mien n’est clairement pas indispensable pour devenir gérant de la plus prospère entreprise au monde. Selon Forbes, il devint la plus grande fortune du monde. Il gagna la considération du peuple car une bonne partie de cet argent fut redistribué. Logiquement, nous avons pu constater que le peuple colombien était davantage intéressé par savoir ce qu’il y aurait dans l’assiette à la fin du mois que par la considération de certains riches américains devenus accrocs à la drogue. Dans ce sens Pablo Escobar aurait presque pu paraître comme un gentlemen détenant une nouvelle vérité argumentée et soutenue par la faim du peuple. Il se lança même en politique mais ce fut un échec. Par la suite, pourchassé par le gouvernement colombien en collaboration avec le gouvernement américain il fut condamné mais devenait dans le même temps tellement inaccessible qu’il put négocier sa propre rédition. Cette négociation prévoyait la détention de Pablo Escobar dans une prison se son choix. Il construisit alors une magnifique demeure dans laquelle il choisit lui-même ses gardiens puis construisit un tunnel afin de faire venir ce qu’il voulait et qui il voulait. La détention en prison devint une mascarade et Pablo Escobar continua d’exercer ses activités, plus puissant que jamais. Mais certains meurtres liés à son activité ne passèrent plus inaperçus et on prévoya de le transférer dans une autre prison, une vraie prison. Pablo Escobar prit alors la fuite et une chasse à l’homme marquée par les nombreuses péripéties et la durée de cette ci démarra qui resta gravée à tout jamais dans les annales de l’histoire. Nous avons loué une voiture et roulons à présent sur les pistes reliant les différents villages colombiens entre Carthagène et Bogotta. Dans un climat frais et apaisant nous admirons les paysages montagneux et verdoyant, nous traversons les villages au pas et saluons respectueusement les habitants. Les gens rencontrés sont tous très accueillants et après quelques mots d’espagnol deviennent nos amis. Nous maintenons une vitesse moyenne assez haute de 600 kms / jour dû à notre désir de découverte. Il s’agit même d’une vitesse moyenne très haute au regard de l’état des routes et des conditions de circulation régie par la folie des pirates de la route. La plus grande majorité des conducteurs sont des chauffards mais la palme revient aux chauffeurs de camions qui doublent souvent sans aucune visibilité. Parfois ils doublent lentement dans un même virage une fille de deux ou trois camions bloquant ainsi les deux voies, tant pis pour celui qui viendrait en face. Nous serons juste surpris de n’avoir constater que 4 accidents durant notre périple routier. Une autre frayeur viendra aussi de l’état des routes qui se transforment subitement, de préférence la nuit sous une forte pluie battante et de violents orages, en sentiers pour quad que nous empruntons pourtant avec une berline de loisirs. Au moindre accroc c’est une caution élevée qui sera perdue. C’est lors de notre retour sur Carthagène que nous croiserons sur la route un immense serpent type boa pour nous rappeler que sur les routes colombiennes tout peut arriver. . Enfin nous quittons les îles Perlas pour le grand large. En longeant les côtes nous verrons de nouveau quelques splendides raies prendre leur envol et au loin un beau dauphin nous saluant de sa nageoire caudale dans un saut élégant. Le vent adonne nous permettant de voguer en silence. 19 novembre 2017 20 novembre 2017 Cette première nuit de navigation est quelque peu pénible avec du vent, de la pluie et une mer soutenue. Rien de trop méchant mais quelque peu fatiguant car nous n’avons cessé d’être à la manœuvre toute la nuit contraint par des conditions métérologiques qui ne cessent d’évoluer. À 5h du matin nous avons une panne de pilote, l’une de mes pires appréhensions étant donné l’importance de cet instrument de bord. Cette invention extraordinaire permet au capitaine d’aller se reposer tandis que le bateau continue d’être gouverné rigoureusement par un automate. Sans pilote, aucun répit n’est possible. Fort heureusement la panne vient du nouvel afficheur que nous venons de changer et de remplacer, je mets de nouveau l’ancien afficheur en place et tout rentre dans l’ordre. Nous repartons à présent soulagé sous une légère brise. Cette anecdote me rappelle que le marin a souvent des raisons d’être superstitieux, une petite voix lui susurant souvent quelle décision prendre. Ma petite voie concernant le pilote me demandait s’il était bien avisé de changer quelque chose qui marche, meme mal, la veille d’une grande traversée ? Je préférais alors ignorer cet avertissement car en comparaison tenir un tel résonnement serait similaire à celui d’une mamie qui préfère garder sa vielle tv grésillante sur laquelle elle regarde depuis plus de 20 ans le feuilleton indispensable a son existence, les feux de l’amour, plutôt que de prendre le risque de rater un épisode qui serait dû au branchement de sa nouvelle Tv lcd qu’on vient de lui offrir. 21 novembre 2017 Notre navigation actuelle ne me motive guère à écrire, à lire ou d’ailleurs à faire quoi que ce soit d’autre tant les conditions dans lesquelles nous évoluons sont pénibles. Nos veilles sont fatigante, nous ne cessons de tirer des bords face à une mer peu clémente. Heureusement notre bateau négocie habilement son passage entre les vagues et un vent fort et constant permet d’insuffler l’énergie necessaire dont le bateau a besoin pour se défendre contre les éléments. Au petit matin je découvre de l’eau et l’huile dans les cales du bateau, incompréhensible … Je comprendrai bien plus tard qu’il s’agissait du résidu d’un bidon d’huile qui s’était ouvert dans une soute il y a déjà plusieurs mois de cela. Dans l’après-midi nous perdons l’hélice de l’Hydro générateur qui traînait dans l’eau afin de produire l’énergie permettant de recharger nos batteries et de continuer à utiliser les instruments de bord comme le pilote. Nous ne pouvons donc plus compter que sur nos panneaux solaires mais le soleil est systématiquement absent. Nous pourrions aussi mettre en route le moteur mais dans ces conditions, je préférerai éviter et commence à réfléchir à une solution pour le fonctionnelent de l’hydrogénérateur, je trouve un chandelier, la vieille hélice de notre moteur hors-bord, et il ne reste plus qu’à joindre les deux … mais dans le même temps Valérie me suggère de plus en plus souvent de faire un détour par l’Équateur. Ce conseil est conforme à ma petite voie et me paraît judicieux, cela nous permettrait de prendre une météo actualisée, de mettre à niveau nos réservoirs d’eau et de gazole, de réparer l’Hydro générateur, et surtout de nous reposer. En bref, un léger détour en Equateur nous permettrait de mieux repartir. Le seul bémol est que nous n’avons pas beaucoup d’informations sur la baie de Caraquez et ce pays a pour réputation une surveillance accrue des douanes. Nous avons eu pour écho que des fouilles systématiques des bateaux entrants. Or nous avons à notre bord 120 litres d’alcool et 75 cartouches de cigarettes, le tout acheté au marché noir au Panama. Dans tous les cas notre dernier virement de bord nous met cap sur cette destination. 22 novembre 2017 Les conditions n’ont pas changé et nous continuons à tirer des bords sous de sombres nuages et une pluie suffisante pour ne pas donner envie de sortir du bateau. Les batteries sont à plat et nous obligent à mettre le moteur dans des conditions ou nous aurions préféré nous abstenir car le bateau se mouvoit dans tous les sens tout en étant systématiquement penché (en language marin on appelle cela gité). Le fait que le bateau soit à longueur de temps gité nous oblige à compenser continuellement notre perte d’équilibre. Toute action demande alors un grand effort, c’est un peu comme si la gravité terrestre avait été multiplié par trois. . Plus le bateau est gité, plus la compensation est importante. J’écris ces quelques lignes assis sur une banquette en contrebas du bateau et je m’apprête à aller faire la cuisine. Cet effort donne la sensation de gravir une pente verticale dans l’objectif serait de s’agripper à la plus haute branche d’un arbre afin d’essayer d’y recueillir le fruit suspendu. 23 novembre 2017 Je dormais depuis seulement quelques minutes lorsque je fus réveillé par un bruit fracassant, nous nous affolons, craignant le pire à savoir la casse d’un hauban (câble en inox très solide permettant le maintien du mât à la verticale). Je fus néanmoins rassuré en voyant la bôme de grandes voile penduler (la bôme est comme une longue poutre en aluminium verticale sur laquelle repose la voile) . Une Manille a cédée et la grande voile n’est plus tenu par rien faisant de violents va et vient. La réparation sera facile et rapide à l’aide d’un petit bout. J’en profite pour faire un petit tour sur le pont et constater que nous avons perdu le réflecteur radar durant la nuit. Cela me fait penser au grand navigateur Bernard Moitessier qui avait perdu le sien suite à une collision avec un oiseau. Je continue mon inspection et découvre que nous avons aussi cassé le guide de l’enrouleur qui permet de gérer le génois (nom donné à la voile située à l’avant du bateau). Au final c’est un mal pour un bien car si quelque chose doit casser autant que ce soit maintenant, au moment où nous arrivons en Équateur et où nous pourrons réparer facilement. Finalemenent cette traversée pourrait s’apparenter à l’ultime rodage préalable à la grande traversée du Pacifique. Le bateau tient bien la route et Valérie aussi, malgré le fait que je ne la ménage pas autan que je le souhaiterai. Je dois bien reconnaitre que certaines maneuvres manquent parfois de tendresse et l’ensemble de mes réveils fréquents causés par les grains incessants contribuent parfois à ces sautes d’humeur. Parfois cela donne même lieu à des jurons complètement incohérents et à des démonstrations d’absurdité ridicules. Avec le recul je sais qu’un bon capitaine est un capitaine qui n’aura pas un mot plus haut que l’autre. Si l’on observe les bateaux professionnels de course au large on peut constater que toutes les manœuvres se font systématiquement dans le silence. Tout peut arriver sur un bateau mais le capitaine doit de toutes façons refléter un référentiel de confiance tel une statue de marbre inspirant la sérénité. Quand au bon équipier, il s’agit bien plus d’une question de personnalité que d’une question de compétences maritimes. Car si les compétences peuvent s’acquérir rapidement, la personnalité elle reste bien souvent inchangée. Les qualités que je retrouve souvent chez un bon équipier sont l’altruisme et l’humilité. L’altruisme permet d’appréhender rapidement les éléments, de ressentir la mer et le bateau comme des êtres vivants. Une écoute attentive sera aussi necessaire favorisée par l’humilité qui apportera la meilleure approche que l’on peut avoir de la mer. A l’instant om j’écris ces lignes nous sommes encore au large à plus de 120 kilomètres de la terre. Pourtant, nous sommes abordés par une barque de pêcheurs surmotorisée sans raison apparente. La question pirates se pose. Nous sommes soulagés lorsqu’ils nous demandent simplement si nous avons quelque chose à boire. Ils sont tellement proche qu’ils manquent de nous rentrer dedans « voy a dar un coca cola solo si tu no haces un accidente ! Attention ! » Nous leur lancons un bouteille de coca cola et ils repartent sans histoires. Je ne peux m’empecher de me demander si les choses dans un avenir plus lointain se dérouleront toujours aussi bien ? Qu’adviendra t-il d’une telle rencontre lorsque les problèmes de ce monde se seront intensifiés ? Qu’en sera t-il lorsque la mer sera vide et les pêcheurs sans ressources ? La plupart des pirates présents dans ce monde n’étaient ils pas à l’origine des pêcheurs ayant trouvé d’autres moyens pour subvenir aux besoins de leurs familles … Il ne reste plus que 180 milles soit 36 heures de navigation, c’est comme si nous étions déjà arrivé ! 24 novembre 2017 Aujourd’hui nous avons de la compagnie, un oiseau avec un bec bleu s’est posé sur le balcon avant du bateau, nous le surnommons donc Bleu bec. Bleu bec semble avoir choisi notre bateau pour s’exercer au cobaturage ! Nous en sommes très heureux même si nous gardons à l’esprit que son choix en terme de bateaux n’était pas bien grand puisque nous sommes les seuls sur une superficie de 150 km². Ainsi donc même les oiseaux pratiquent le cobaturage. Le cobaturage est un phénomène très à la mode qui consiste à faire du bateau stop pour voyager à travers le monde. Beaucoup d’annonces etaient présentes dans les differents ports que nous avons fréquenté. « Lucy and Romeo, kind italian couple is looking for a boat to go to Panama. We sailed on different boats from Sardaigne to Panama during 2 years, we are easy to live with good relationship, we have good experience of sailing and we can help for sailing, cooking or dishes. We hope to have the opportunity to discuss with you. Our phone number : 0059690898765 » J’ai personnellement beaucoup de considération pour les bateaux stoppeurs qui n’ont peur de rien et dont la seule préoccupation et de continuer le voyage à moindre frais. Ce sont généralement des gens rôdés au voyage donc ouvert aux autres, altruistes et intéressants. La plupart du temps ils ont déjà voyagé sur de longues distances, parcourus bien des pays et acquis de nombreuses expériences donnant lieu à des anecdotes en tout genre. Ils sont prêts à embarquer sur n’importe quel vaisseau et je pense que le radeau de la méduse pourrait leur suffir tant qu’ils y a des copains à bord. Ils ont un goût prononcé pour la fête comme l’ensemble des jeunes de notre génération. Ce ne sont pas pour autant des marginaux en marge de notre société, ils se sont simplement laisser séduire par l’inconnu et l’univers du voyage, leur seule aspiration serait du genre « into the wild ». Et maintenant que j’y réfléchis, je me dis que la principale différence entre eux et nous réside dans l’acquisition de notre bateau. Notre dernière rencontre avec une bateau stoppeuse remonte à Portobello, pas très loin des îles samblas (au Panama). Julia, 22 ans, habitait depuis plusieurs semaines sur un voilier dont le capitaine d’origine polonaise, tout comme elle, était à la retraite. Nous avons rencontré Julia dans un bar, lieu de rencontre privilégié. Valérie s’était bloqué le dos et s’en plaignait lourdement lorsque Julia fit son apparition et proposa à Valerie un massage sur un tarif libre. Julia se revela être très douée dans son domaine et sa prestation se revela salvatrice pour le dos de Valérie. À partir de ce jour Julia et Valerie se donnèrent rendez vous tous les jours, s’adonnant à une scéance dans laquelle à mon grand regret je n’étais jamais convié. Plus tard, Julia nous présenta le capîtaine du bateau sur lequel elle était hebergée et nous furent invités pour le dîner. L’ambiance sur ce bateau sembla très cordiale à la différence du bateau précédent sur lequel elle avait embarquée. Elle nous avoua que sa précédente expérience fut compliquée car elle fut confrontée à de torrides avances de la part du capitaine septagenaire. Fort heureusement elle put refuser fermement et recardra le personnage mais le mal était fait, ses nuits restant hantées par les gestes déplacés de ce personnage. Le jour où nous avons quitté Julia elle nous appris qu’elle partait elle aussi bientôt car elle avait trouvé un travail d’hôtesse sur le seul Yacht de luxe présent dans les parages. Elle serait bien payé et pourrait continuer son voyage aux Caraibes. Ce prestigieux bateau sembla également être une aubaine pour tous les bateaux stoppeur se trouvant dans le coin. 25 novembre 2017 Notre ami Bleu bec est toujours là et a été rejoint par un autre oiseau de la même famille mais cet oiseau est pourvu d’un bec rose. Nous le surnomons donc Rose bec. Vu les disputes regulieres et le compoortement de Bleu bec à l’égard de Rose bec qui garde une certaine distance, je dirai que Rose bec n’est sans doute pas la fiancee mais plutôt la soeur de de bleu bec. À midi ils ont tous les deux pris leur envol, je pense qu’ils reviendront, rien ne me ferait plus plaisir que de les conserver à notre bord pour toujours. En réalite cela ne se produit jamais et le capitaine ayant réussit à domestiquer l’ oiseau venu à bord de son plein gré et reposant sur son épaule gauche reste du domaine de la légende. Les meilleurs amis des marins après les dauphins restent bel et bien les oiseaux du large. Souvent ils viennent chercher un peu de réconfort à notre bord. Un répit bien mérité quand on sait les distances phénoménales qu’ils parcourent. Il nous est arrivé de rencontrer des oiseaux affrontant des tempêtes en plein milieu des océans, soit une distance de plus de 2500 kms parcourue par un si petit être. Rapporté à taille humaine c’est comme si nous parcourions le tour du monde en une traite à travers des reliefs contrastés ! Nous serions alors bien content de trouver un vaisseau pour nous y reposer et nous aider à avancer. Au large des Canaries nous avions recueilli un magnifique petit oiseau jaune que nous avions surnomé yellow (comme vous pouvez le constater, nous nous efforcons de trouver des noms d’oiseaux très originaux). Yellow s’est réfugié entre les jambes de Valerie, nous lui avions donné des chips et de l’eau puis alla ensuite à l’intérieur du bateau pour trouver un coin confortable afin de se reposer, hélas exténué par la fatigue, ce repos devient éternel. Je me suis demandé si cela était dû aux chips trop salées mais en réalité je sais que certains oiseaux sont tout simplement les naufragés d’une mer rude et d’un univers infini. Epuisés ils viennent nous rendre leur dernier souffle. Mais les oiseaux ne sont pas les seuls rescapés de notre bord puisque nous avons eu un jour l’opportunité de sauver un homme de la noyade. Nous Naviguions à proximité de l’ile Aruba située entre le Venezuela et la Colombie, lorsque nous aperçûmes un nageur dont la témérité m’impressiona, je crois que mes premiers mots furent « il est complétement fou de nager aussi loin ! » lorsque j’entendis des cris bien distincts « Help ! Help ! ». Cet homme épuisé eu la chance de nous trouver avant de rendre son dernier souffle et sombrer dans les profondeurs de l’océan. Affolés par ce qui était en train de se dérouler, je mis l’annexe à l’eau mais au lieu de donner 3 coups de rame pour rejoindre immédiatement cet homme, j’insistais sur le démarrage du moteur qui ne voulait rien savoir. Cela me parut une eternité mais en réalité 15 secondes seulement s’étaient écoulées avant que je ne mette plein gaz afin de tendre ma main à cet homme. Cet homme resta dans l’eau quelques minutes suppléentaires; ma main dans la sienne,afin de rassembler ses dernières forces qui lui permettraient de monter dans l’annexe. Pendant ce temps, Valérie était en train d’appeler à la radio les secours qui ne dégneront pas se déplacer et qui nous demanderont ensuite de les rejoindre à terre. Nous y trouverons alors l’armada des différents services associés à ce genre de situation : policiers, gardes-côtes, médecins, douaniers, chargés de l’immigration, … Tous réunis, il y a au moins une vingtaine de personnes qui nous attendent de pied ferme sur le quai. Nous en profitons pour faire les formalités administratives afin de sortir du pays. Nous laissons notre nouvel ami aux mains des autorités compétentes, puis nous nous éloignons en nous retournant vers lui, un reguard qui sembler tout dire est échangé, un sentiment fraternel nous envahit. Ce sentiment que nous devrions systématiquement tous avoir et qui pourtant manque cruellement à chacun. Tout ceci m’interpelle et me fait comprendre l’allegresse des gens qui font passer leurs prochains avant toute chose. Bien loin de la finance qui est une fiction, la relation à l’autre elle est bien réelle et alimentera notre âme, qui seule perdurera lorsque nous serons devenus poussière. Elle sera transmise en tant que force positive aux vivants et c’est ainsi que nous nous rappelerons des décénies plus tard des personnes essentielles, seules véritables héros. Coluche à travers ses sketchs et les restaurants du coeur me fait toujours rire et son esprit m’inspire. Père Pedro à Madagascar a pu démontrer à travers ses convictions que l’impossible est toujours possible. L’abbé Pierre, Mère theresa, … Les véritables héros sont rares mais nous nous en rappelons longtemps après. Inspirons nous en afin de devenir chaque jour un peu meilleur. S’arrêter devant un clochard au lieu de l’ignorer est déjà un premier pas vers l’héroïsme tout comme rendre service à quelqu’un qui ne vous aurait rien demander de peur de déranger. 26 novembre 2017 Cette nuit nous avons passé la ligne de l’équateur, ce point geographique qui se veut si magique et sur lequel les instruments de localisation affichent tous 0 0 0. La réalité fut quand elle beaucoups moins exaltante puisque nous nous sommes rendus compte du passage de cette ligne imaginaire seulement quelques heures plus tard. Pour ma part je dormais profondément et m’en foutais complètement. Quant à Valerie, elle était déjà bien occupée à gérer seule le bateau qui filait à plus de 7 noeuds. Seul notre ordinateur a semblé être troublé par le passage de ce point puisqu’il resta figé avec un écran bleu et un petit smiley 🙂 message d’erreur classique de Windows (autrement appelé Windaube). 10h15, nous sommes enfin arrivés en Équateur dans la baie de Caraques. Notre arrivée se fit non sans mal car cette Baie est composé d’innombrables banc de sables qui se mouvoient rapidement empêchant toute carte marine d’être à jour. Nous étions entre deux bancs de sable à 2 m de profondeur sur le point de nous échouer lorsqu’un pêcheur vint à notre secours afin de nous guider. Dans un premier temps nous sortons de ce piège en suivant scrupuleusement la trace enregistrée sur notre gps puis faisons progressivement confiance à ce pêcheur au détriment du GPS que nous abandonnons tant les informations qu’il délivre sont incohérentes. Nous redevenons sereins, l’ancre est posée et nous remercions notre nouvel ami. Nous prendrons un repos bien mérité avant d’entamer les travaux indispensables à un nouveau départ. Ranger, nettoyer, ravitailler, réparer, vérifier, fabriquer, deviennent les maîtres mots à bord. Ce sont les verbes les plus récurrents lorsque nous atteignons une nouvelle destination. Fort heureusement ces verbes laissent rapidement placent à des champs lexicaux bien plus sympathiques tels que explorer, rencontrer, s’emerveiller … Nous avons mis plus d’une semaine à tirer des bords entre Panama et l’Équateur à une vitesse moyenne calculée en ligne droite de trois nœuds et demi, soit la vitesse de marche d’un homme. C’est probablement là la vitesse moyenne la plus basse que nous n’ayons jamais atteint. Mais quel plaisir que de découvrir ce pays qui va nous reserver au final bien des surprises …

Sans prétention aucune, voici un petit descriptif des ressources techniques employées lors de grandes traversées (au delà d’une semaine) !

Tout d’abord le bateau possède à bord toute la gamme d’instruments de navigation Autohelm 50. Aujourd’hui Autohelm a été racheté par Raymarine et on en est à la gamme st 80 soit au moins 4 générations au dessus de nos instruments mais très franchement je n’ai vu aucune amélioration majeure entre ces instruments dont le prix quand à lui est toujours resté prohibitif. Les instruments sont composés, de :

  • Un sondeur, débranché lors de grandes navigations
  • Un lock utile pour donner une indication de courant, différence entre la vitesse surface et la vitesse GPS ainsi qu’une indication pour les réglages
  • Une girouette anémomètre indispensable notamment pour le réglage des voiles
  • Un pilote (Autohelm 6000) qui s’avère être mon précieux ! Je ne manquerai pas de me jeter dans un gouffre de solitude s’il devait lui arriver quoique ce soit. Il n’est jamais tombé en panne et gouverne le bateau quelque soient les conditions climatiques tout en barrant quasiment toujours mieux que n’importe lequel d’entre nous.

Tous ces instruments sont couplés à la centrale de navigation, un bien grand mot pour un si petit écran qui regroupe toutes les informations sur un écran. A l’intérieur du bateau, nous avons en permanence la vitesse et le cap du bateau ainsi que la vitesse réelle du vent, on peut faire défiler si on le souhaite sur la centrale de navigation les autres informations de bord.

Toutes ces informations sont connectées à notre PC de bord qui n’est rien d’autre que mon ordinateur personnel. En plus de toutes ces données ; on transmet également à cet ordinateur l’AIS.

Concrètement cela permet d’utiliser le fabuleux logiciel gratuit NavmonPc qui fournit :

  • Toutes les informations de bord sur cadrans
  • Des statistiques sur les évolutions du vent (vitesse et angle)
  • La possibilité de régler autant d’alarme qu’on le souhaite (exemple alarme de vitesse / d’angle de vent ou de changement de cap)
  • Un radar avec la position de tous les bateaux qui sont autour de nous avec un AIS

Là avec ce logiciel pour le coup on peut commencer réellement à parler de centrale de navigation.

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Premier screenshot : interface principale telle qu’elle se présente avec toutes les informations de bord

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Second screenshot : tout les paramétrages d’alarme, il n’en manque pas une ainsi que le reset des minimums / maximum affichent des petits points bleu ou noirs sur cadran.

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Troisième écran : le radar AIS avec là aussi toutes les alarme nécessaires

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Quatrième écran : les statistiques de vitesse et d’angle de vent vrai dont l’échelle peut être réglée de 10 minutes à 24 heures. Il y a la même chose pour le vent apparent et la vitesse du bateau surface ou GPS.

Ce logiciel peut être téléchargé très facilement ; il y a juste à taper Navmonpc dans google et vous aurez également l’occasion d’avoir plein d’autres informations sur ce merveilleux logiciel.

En complément de ce logiciel, nous utilisons Opencpn qui n’est plus à présenter et qui permet d’avoir la cartographie mondiale sous différents typologie de cartes : les cartes shom (ne fonctionnent que sur d’anciennes versions d’opencpn) ; les cartes CM93 les plus communes que tout le monde a ; les cartes fusionnées de Google Earth et de Navionics qui peuvent être téléchargées sur le site de notre ami Pierre Lavergne ou que l’on peut créer soi même avec le logiciel sas planet.

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Mais de manière générale, j’utilise Navionics sur Iphone que je juge beaucoup plus précis à petite échelle, de plus le fait d’avoir trois iphones à bord donc trois GPS me confortent dans le fait de ne plus avoir aucune carte ni aucun autre outil car je juge que ce serait vraiment pas de chances si nos trois iphones, nos deux ordinateurs et les deux GPS internes du bateau devaient tomber en panne en même temps …. Donc pourquoi OpenCPN ?

Première raison parce que Open CPN nous permet en étant connecté à l’AIS d’analyser les routes de collisions de manière facile et précise. Finit les coups de stress où on devine à peine la motivation du paquebot qui nous coupe la route.

Mais de manière générale, j’utilise Navionics sur Iphone que je juge beaucoup plus précis à petite échelle, de plus le fait d’avoir trois iphones à bord donc trois GPS me conforte dans le fait de ne plus avoir aucune carte ni aucun autre outil car je juge que ce ne serait vraiment pas de chances si nos trois iphones, nos deux ordinateurs et les deux GPS internes du bateau devaient tomber en panne en même temps … Donc pourquoi Open Cpn ?
Première raison parce que Open CPN nous permet en étant connecté à l’AIS d’analyser les routes de collisions de manière facile et précise. Finis les coups de stress où on devine à peine la motivation du paquebot qui nous coupe la route.
Seconde raison parce que Open cpn nous permet de construire une route à grande échelle puis de connecter l’ordinateur au pilote afin que le pilote suive cette route le plus directement possible en limitant au maximum les écarts. Cela permet d’éviter les zigzags et de suivre dans l’absolu et avec précision la route orthodromique ; sur la durée on finit par gagner du temps …

Entre Opencpn et Navmonpc, on a vraiment tout ce qu’il nous faut mais en tant que fainéant, je me suis dit qu’il serait quand même bien de pouvoir gérer la centrale de navigation avec toutes ses alarmes sans avoir à se lever de sa couchette. Je souhaitais aussi avoir la possibilité de me servir de la tablette dans le cockpit et d’avoir sous les yeux toutes les informations notamment l’AIS … Du coup lorsque Navmonpc et Opencpn fonctionnent sur le PC, tout ceci est retransmis aux iphones et tablettes du bord avec le Wi-Fi de l’ordinateur. Pour cela, il faut deux logiciels, le premier s’appelle Conectify et permet de créer un spot Wi-Fi à partir même de son PC. Le second s’appelle Teamviewer et est conçu pour reproduire l’affichage d’un écran et prendre la main à partir d’un autre appareil (Pc, Mac, smartphone, tablettes, iphones, i i i et autres) qui serait connecté au premier ordinateur grâce au Wi-Fi.

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Premier screenshot : connexion à partir de l’iphone au spot Wi-Fi du PC
Second screenshot : connexion à la session Teamviewer (Teamviewer est exécuté à la fois sur l’iphone et sur le Pc)
Troisième screenshot : accès à Navmonpc depuis l’iphone
Quatrième screenshot : Écran opencpn avec session teamviewer affichée sur le PC


Autres outils fondamentaux
Nous avons également un radar Furuno à bord en complément de l’AIS qui nous donne l’alarme quand un bateau ou un OFNI est trop proche de nous donc en théorie lorsque nous sommes à plus de 200 milles des côtes nous faisons de bonnes siestes, surtout la nuit où de toute façon on y voit rien. Néanmoins, nous dormons comme un chat prêt à se réveiller à la moindre anomalie et en moyenne l’un de nous deux sort toutes les deux heures pour prendre l’air frais et regarder aux alentours.

Un autre outil qui nous semble aujourd’hui »hui indispensable est Ovital Map Il nous permet de télécharger des cartes google Earth avec tous les niveaux de détails souhaité et les différentes échelles. Au final vous vous retrouvez donc avec un cartographie Google Earth hors ligne sur la zone de votre choix sur laquelle vous pouvez zoomer ou dézommer à volonté. Bien que ce logiciel soit génial, il est exclusivement utilisé pour les mouillages ou les approches terriennes donc hors sujet en ce qui concerne ce chapitre