17 Novembre 2017, c’est avec une immense joie que je me réveille ce matin dès l’aube, je suis aux aguets afin de retrouver le son de cloche de la liberté. Je réveille Valérie, aussi excité qu’un enfant prêt à déballer ses cadeaux le soir de Noël. Ces cadeaux c’est mère nature qui va nous les offrir durant tout notre périple. Je sais que la plupart de ces cadeaux seront magnifiques car mère nature est belle et généreuse. Nous venons d’initier le premier jour d’une longue route estimée à un mois qui nous mènera de Panama aux îles Marquises. A la frontière d’un Nouveau Monde, à la frontière du bout du monde nous avons le sentiment d’atteindre le point culminant de notre apogée, un point de non retour. Lorsque nous serons arrivés dans ce nouveau monde, continuer le voyage vers l’est ou vers l’ouest ne fera que nous rapprocher inexorablement de la civilisation. Au moment où j’écris ces lignes nous sommes en navigation vers les îles Perlas situées au large de la côte pacifique du Panama. Je m’interrompts quelques instants pour slalomer entre des troncs d’arbres qui encerclent le bateau au gré de notre avancée. Nous sommes déjà entrés en collision avec des OFNI (objets flottants non identifiés) de ce genre et savons qu’à petite vitesse nous n’avons rien à craindre. Nous continuons notre route tout en pensant aux trois mois que nous venons de passer dans ce pays à la fois mystique et contrasté qu’est le Panama. Mystique pour le côté atlantique regroupant les terres des indiens Kuna et les côtes sauvages sur lesquelles on trouve une faune et une flore impressionnante, contrasté de par la représentativité de l’espèce humaine. Le Panama est un méli-mélo de genres humains très américanisés. On y retrouve d’ailleurs les mêmes aspects de la première vague d’immigration du début de l’histoire américaine. La population y est très hétéroclite, le manque d’éducation parfois prononcé et le contraste entre riches et pauvres très marqué. Colomb est une ville très pauvre dans laquelle il n’est pas question de s’aventurer à pieds même la journée. Un ami m’avit raconté qu’il s’était rendu un jour aux urgance de l’hopital de cette ville et avait pu y constaté un scénario de guerre. Une petite fille venait d’arriver car elle avait pris une balle perdue dans la tête. A l’opposé, Panama city est une ville à l’américaine, une sorte de mini Miami, composée d’un grand nombre de tours et d’un centre commercial d’une taille nettement supérieure aux halles de Paris. Comme Panama est aussi le pays de la malbouffe, nous pouvons y trouver des zones regroupant plus d’une quarantaine de fastfood juxtaposés les uns à côté des autres. Enfin, le Panama est aussi le pays de la liberté d’entreprise dans lequel la réussite ne semble tenir qu’a l’énergie insufflée au sein de ses affaires. Ici on ne se bat pas contre l’administration, on crée tout simplement sans arrière pensée, puis si cela doit un jour poser un problème, on s’arrange avec les lois pour que tout le monde soit content. Il y a bien entendu une forte corruption mais celle-ci dans bon nombre de cas s’avère être dans le contentement de tous. Exemple d’un cas réel, vous êtes en moto et rentrez d’une soirée bien arrosée puis vous vous faîtes contrôler par la police. Ici au Panama, vous donnez un peu d’argent et on vous laissera circuler, mais si vous n’avez pas d’argent sur vous, laissez votre vieux mobile en gage cela fera aussi l’affaire. En France vous perdriez votre permis, on immobilisera votre moyen de transport et vous perdriez votre travail car vous n’auriez plus moyen de vous y rendre. Les îles perlasse sont à présent juste devant nous mais nous nous trouvons dans une situation extraordinaire. Nous sommes entourées de raies qui ne cessent d’essayer de prendre leur envol en sautant le plus haut possible dans le ciel tout en battant des ailes, ou devrais je dire des nageoires. Nous contemplons le cœur empli de joie ce spectacle grandiose qui durera plusieurs dizaines de minutes. Il y en a de plus en plus et certaines d’entre elles s’exercent à des figures de haute voltige, d’autres s’efforcent de réaliser consécutivement le plus grand nombre de sauts afin de rester en l’air le plus longtemps possible. Ces raies sont majestueuses ! Merci mère nature pour ce premier cadeau. Je ne m’attendais pas a un second cadeau dans lequel nous découvrons des dauphins qui nous accompagneront jusqu’à notre mouillage. Nous Mouillons enfin notre ancre et profitons d’une eau clair et transparente, une invitation à la baignade … 18 19 novembre 2017 Nous avons posé l’ancre sur l’île de San Pedro Gonzales sur les iles perlas pour visiter le village d’en face. Nous commençons à sentir le côté quelque peu isolé du pacifique lorsque nous comprenons qu’une connexion internet qui permettrait de prendre la météo ne sera pas facile à trouver et son côté magique puisque nous finirons par accéder à internet grâce à un habitant qui nous prête sa carte Sim pour la mettre dans notre Iphone. Encore faut il trouver le fameux trombone légendaire permettant d’ouvrir la fameuse trappe Sim du téléphone. Et là ce sont tous les enfants qui partent en quête de cet accessoire. Finalement ce sera la boucle d’oreille d’une adolescente qui fera l’affaire. En possession d’une météo n’annonçant rien de mauvais, nous pouvons à présent partir. Mais durant la nuit nous sommes réveillé par le bruit de la chaîne du bateau qui tire vraiment trop fort sans raison apparente. Nous sortons, nous effleurons quelques chauves-souris et constatons un ciel magnifiquement étoilé avant de constater qu’il est impossible de remonter la chaîne prisonnière d’un corps mort. Le lendemain nous libérerons notre ancre et nous afférons aux derniers préparatifs : vidange de l’inverseur, rangement de l’annexe, aménagement du bateau, … et enfin carénage (ce terme désigne l’action de nettoyer la coque d’un bateau qui se salit régulièrement en présence de l’eau de mer). Je plonge et constate avec stupéfaction l’état lamentable de la coque du bateau sur laquelle des centaines de coquillages ont pris domicile. L’état de la carène du bateau ne peut être dû qu’au fait que la baie de Panama est l’une des plus polluées au monde. Nous passerons des heures à enlever ces coquillages. Nous avions pourtant sorti le bateau de l’eau en Colombie il y a seulement quelques mois pour tout nettoyer et réappliquer une couche de peinture spéciale appelée antifouling. Cette peinture n’est pas décorative et a pour seul but de limiter au maximum l’adhérence des parasites comme les coquillages. Si nous partons du principe que l’on est jamais mieux servi que par soi même, nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous même car nous avions confié le travail à un local afin de nous laisser la liberté d’un road trip sillonnant la Sierra Nevada. La Colombie est un pays controversé mais qui ne mérite pas sa réputation sulfureuse, nous nous y sommes systématiquement sentis en sécurité. Bien sûr quelques précautions sont à prendre comme ne pas se promener dans certains quartiers de Medelin, ville faisant parti du top 20 mondial des villes dont le taux de criminalité est le plus important, mais cet état de fait est également vérifié dans quasiment tous les autres pays. Pour l’exemple, qui aurait l’audace d’aller flirter avec certains quartiers du nord de Marseille ? Pour notre part notre audace s’arrêtera à une vision panoramique dans le métro des quartiers pauvres de Medelin ressemblant pour beaucoup aux favelas du Brésil. Il semblerait qu’aujourd’hui, même la police n’ose plus se rendre dans ces zones urbaines. Dans certaines villes, il est aussi possible de constater ce que l’on appelle localement les tours ‘cocaïnes’. Ce sont de somptueux gratte ciel inoccupés car le montant des loyers ne permet pas de trouver preneurs. Leurs constructions est donc quelques peu douteuses car comment expliquer cette rentabilité nulle. Elle est dûe soit au plus mauvais calcul du siècle soit au contraire à un habile montage financier permettant à certains de se laver les mains. Néanmoins cette économie ambigüe semble participer activement a la prospérité du pays. Cela a commencé il y a bien longtemps avec Pablo Escobar qui su industrialisé la fabrication de cocaïne et optimiser le flux logistique, preuve qu’un diplôme d’ingénieur en production industrielle comme le mien n’est clairement pas indispensable pour devenir gérant de la plus prospère entreprise au monde. Selon Forbes, il devint la plus grande fortune du monde. Il gagna la considération du peuple car une bonne partie de cet argent fut redistribué. Logiquement, nous avons pu constater que le peuple colombien était davantage intéressé par savoir ce qu’il y aurait dans l’assiette à la fin du mois que par la considération de certains riches américains devenus accrocs à la drogue. Dans ce sens Pablo Escobar aurait presque pu paraître comme un gentlemen détenant une nouvelle vérité argumentée et soutenue par la faim du peuple. Il se lança même en politique mais ce fut un échec. Par la suite, pourchassé par le gouvernement colombien en collaboration avec le gouvernement américain il fut condamné mais devenait dans le même temps tellement inaccessible qu’il put négocier sa propre rédition. Cette négociation prévoyait la détention de Pablo Escobar dans une prison se son choix. Il construisit alors une magnifique demeure dans laquelle il choisit lui-même ses gardiens puis construisit un tunnel afin de faire venir ce qu’il voulait et qui il voulait. La détention en prison devint une mascarade et Pablo Escobar continua d’exercer ses activités, plus puissant que jamais. Mais certains meurtres liés à son activité ne passèrent plus inaperçus et on prévoya de le transférer dans une autre prison, une vraie prison. Pablo Escobar prit alors la fuite et une chasse à l’homme marquée par les nombreuses péripéties et la durée de cette ci démarra qui resta gravée à tout jamais dans les annales de l’histoire. Nous avons loué une voiture et roulons à présent sur les pistes reliant les différents villages colombiens entre Carthagène et Bogotta. Dans un climat frais et apaisant nous admirons les paysages montagneux et verdoyant, nous traversons les villages au pas et saluons respectueusement les habitants. Les gens rencontrés sont tous très accueillants et après quelques mots d’espagnol deviennent nos amis. Nous maintenons une vitesse moyenne assez haute de 600 kms / jour dû à notre désir de découverte. Il s’agit même d’une vitesse moyenne très haute au regard de l’état des routes et des conditions de circulation régie par la folie des pirates de la route. La plus grande majorité des conducteurs sont des chauffards mais la palme revient aux chauffeurs de camions qui doublent souvent sans aucune visibilité. Parfois ils doublent lentement dans un même virage une fille de deux ou trois camions bloquant ainsi les deux voies, tant pis pour celui qui viendrait en face. Nous serons juste surpris de n’avoir constater que 4 accidents durant notre périple routier. Une autre frayeur viendra aussi de l’état des routes qui se transforment subitement, de préférence la nuit sous une forte pluie battante et de violents orages, en sentiers pour quad que nous empruntons pourtant avec une berline de loisirs. Au moindre accroc c’est une caution élevée qui sera perdue. C’est lors de notre retour sur Carthagène que nous croiserons sur la route un immense serpent type boa pour nous rappeler que sur les routes colombiennes tout peut arriver. . Enfin nous quittons les îles Perlas pour le grand large. En longeant les côtes nous verrons de nouveau quelques splendides raies prendre leur envol et au loin un beau dauphin nous saluant de sa nageoire caudale dans un saut élégant. Le vent adonne nous permettant de voguer en silence. 19 novembre 2017 20 novembre 2017 Cette première nuit de navigation est quelque peu pénible avec du vent, de la pluie et une mer soutenue. Rien de trop méchant mais quelque peu fatiguant car nous n’avons cessé d’être à la manœuvre toute la nuit contraint par des conditions métérologiques qui ne cessent d’évoluer. À 5h du matin nous avons une panne de pilote, l’une de mes pires appréhensions étant donné l’importance de cet instrument de bord. Cette invention extraordinaire permet au capitaine d’aller se reposer tandis que le bateau continue d’être gouverné rigoureusement par un automate. Sans pilote, aucun répit n’est possible. Fort heureusement la panne vient du nouvel afficheur que nous venons de changer et de remplacer, je mets de nouveau l’ancien afficheur en place et tout rentre dans l’ordre. Nous repartons à présent soulagé sous une légère brise. Cette anecdote me rappelle que le marin a souvent des raisons d’être superstitieux, une petite voix lui susurant souvent quelle décision prendre. Ma petite voie concernant le pilote me demandait s’il était bien avisé de changer quelque chose qui marche, meme mal, la veille d’une grande traversée ? Je préférais alors ignorer cet avertissement car en comparaison tenir un tel résonnement serait similaire à celui d’une mamie qui préfère garder sa vielle tv grésillante sur laquelle elle regarde depuis plus de 20 ans le feuilleton indispensable a son existence, les feux de l’amour, plutôt que de prendre le risque de rater un épisode qui serait dû au branchement de sa nouvelle Tv lcd qu’on vient de lui offrir. 21 novembre 2017 Notre navigation actuelle ne me motive guère à écrire, à lire ou d’ailleurs à faire quoi que ce soit d’autre tant les conditions dans lesquelles nous évoluons sont pénibles. Nos veilles sont fatigante, nous ne cessons de tirer des bords face à une mer peu clémente. Heureusement notre bateau négocie habilement son passage entre les vagues et un vent fort et constant permet d’insuffler l’énergie necessaire dont le bateau a besoin pour se défendre contre les éléments. Au petit matin je découvre de l’eau et l’huile dans les cales du bateau, incompréhensible … Je comprendrai bien plus tard qu’il s’agissait du résidu d’un bidon d’huile qui s’était ouvert dans une soute il y a déjà plusieurs mois de cela. Dans l’après-midi nous perdons l’hélice de l’Hydro générateur qui traînait dans l’eau afin de produire l’énergie permettant de recharger nos batteries et de continuer à utiliser les instruments de bord comme le pilote. Nous ne pouvons donc plus compter que sur nos panneaux solaires mais le soleil est systématiquement absent. Nous pourrions aussi mettre en route le moteur mais dans ces conditions, je préférerai éviter et commence à réfléchir à une solution pour le fonctionnelent de l’hydrogénérateur, je trouve un chandelier, la vieille hélice de notre moteur hors-bord, et il ne reste plus qu’à joindre les deux … mais dans le même temps Valérie me suggère de plus en plus souvent de faire un détour par l’Équateur. Ce conseil est conforme à ma petite voie et me paraît judicieux, cela nous permettrait de prendre une météo actualisée, de mettre à niveau nos réservoirs d’eau et de gazole, de réparer l’Hydro générateur, et surtout de nous reposer. En bref, un léger détour en Equateur nous permettrait de mieux repartir. Le seul bémol est que nous n’avons pas beaucoup d’informations sur la baie de Caraquez et ce pays a pour réputation une surveillance accrue des douanes. Nous avons eu pour écho que des fouilles systématiques des bateaux entrants. Or nous avons à notre bord 120 litres d’alcool et 75 cartouches de cigarettes, le tout acheté au marché noir au Panama. Dans tous les cas notre dernier virement de bord nous met cap sur cette destination. 22 novembre 2017 Les conditions n’ont pas changé et nous continuons à tirer des bords sous de sombres nuages et une pluie suffisante pour ne pas donner envie de sortir du bateau. Les batteries sont à plat et nous obligent à mettre le moteur dans des conditions ou nous aurions préféré nous abstenir car le bateau se mouvoit dans tous les sens tout en étant systématiquement penché (en language marin on appelle cela gité). Le fait que le bateau soit à longueur de temps gité nous oblige à compenser continuellement notre perte d’équilibre. Toute action demande alors un grand effort, c’est un peu comme si la gravité terrestre avait été multiplié par trois. . Plus le bateau est gité, plus la compensation est importante. J’écris ces quelques lignes assis sur une banquette en contrebas du bateau et je m’apprête à aller faire la cuisine. Cet effort donne la sensation de gravir une pente verticale dans l’objectif serait de s’agripper à la plus haute branche d’un arbre afin d’essayer d’y recueillir le fruit suspendu. 23 novembre 2017 Je dormais depuis seulement quelques minutes lorsque je fus réveillé par un bruit fracassant, nous nous affolons, craignant le pire à savoir la casse d’un hauban (câble en inox très solide permettant le maintien du mât à la verticale). Je fus néanmoins rassuré en voyant la bôme de grandes voile penduler (la bôme est comme une longue poutre en aluminium verticale sur laquelle repose la voile) . Une Manille a cédée et la grande voile n’est plus tenu par rien faisant de violents va et vient. La réparation sera facile et rapide à l’aide d’un petit bout. J’en profite pour faire un petit tour sur le pont et constater que nous avons perdu le réflecteur radar durant la nuit. Cela me fait penser au grand navigateur Bernard Moitessier qui avait perdu le sien suite à une collision avec un oiseau. Je continue mon inspection et découvre que nous avons aussi cassé le guide de l’enrouleur qui permet de gérer le génois (nom donné à la voile située à l’avant du bateau). Au final c’est un mal pour un bien car si quelque chose doit casser autant que ce soit maintenant, au moment où nous arrivons en Équateur et où nous pourrons réparer facilement. Finalemenent cette traversée pourrait s’apparenter à l’ultime rodage préalable à la grande traversée du Pacifique. Le bateau tient bien la route et Valérie aussi, malgré le fait que je ne la ménage pas autan que je le souhaiterai. Je dois bien reconnaitre que certaines maneuvres manquent parfois de tendresse et l’ensemble de mes réveils fréquents causés par les grains incessants contribuent parfois à ces sautes d’humeur. Parfois cela donne même lieu à des jurons complètement incohérents et à des démonstrations d’absurdité ridicules. Avec le recul je sais qu’un bon capitaine est un capitaine qui n’aura pas un mot plus haut que l’autre. Si l’on observe les bateaux professionnels de course au large on peut constater que toutes les manœuvres se font systématiquement dans le silence. Tout peut arriver sur un bateau mais le capitaine doit de toutes façons refléter un référentiel de confiance tel une statue de marbre inspirant la sérénité. Quand au bon équipier, il s’agit bien plus d’une question de personnalité que d’une question de compétences maritimes. Car si les compétences peuvent s’acquérir rapidement, la personnalité elle reste bien souvent inchangée. Les qualités que je retrouve souvent chez un bon équipier sont l’altruisme et l’humilité. L’altruisme permet d’appréhender rapidement les éléments, de ressentir la mer et le bateau comme des êtres vivants. Une écoute attentive sera aussi necessaire favorisée par l’humilité qui apportera la meilleure approche que l’on peut avoir de la mer. A l’instant om j’écris ces lignes nous sommes encore au large à plus de 120 kilomètres de la terre. Pourtant, nous sommes abordés par une barque de pêcheurs surmotorisée sans raison apparente. La question pirates se pose. Nous sommes soulagés lorsqu’ils nous demandent simplement si nous avons quelque chose à boire. Ils sont tellement proche qu’ils manquent de nous rentrer dedans « voy a dar un coca cola solo si tu no haces un accidente ! Attention ! » Nous leur lancons un bouteille de coca cola et ils repartent sans histoires. Je ne peux m’empecher de me demander si les choses dans un avenir plus lointain se dérouleront toujours aussi bien ? Qu’adviendra t-il d’une telle rencontre lorsque les problèmes de ce monde se seront intensifiés ? Qu’en sera t-il lorsque la mer sera vide et les pêcheurs sans ressources ? La plupart des pirates présents dans ce monde n’étaient ils pas à l’origine des pêcheurs ayant trouvé d’autres moyens pour subvenir aux besoins de leurs familles … Il ne reste plus que 180 milles soit 36 heures de navigation, c’est comme si nous étions déjà arrivé ! 24 novembre 2017 Aujourd’hui nous avons de la compagnie, un oiseau avec un bec bleu s’est posé sur le balcon avant du bateau, nous le surnommons donc Bleu bec. Bleu bec semble avoir choisi notre bateau pour s’exercer au cobaturage ! Nous en sommes très heureux même si nous gardons à l’esprit que son choix en terme de bateaux n’était pas bien grand puisque nous sommes les seuls sur une superficie de 150 km². Ainsi donc même les oiseaux pratiquent le cobaturage. Le cobaturage est un phénomène très à la mode qui consiste à faire du bateau stop pour voyager à travers le monde. Beaucoup d’annonces etaient présentes dans les differents ports que nous avons fréquenté. « Lucy and Romeo, kind italian couple is looking for a boat to go to Panama. We sailed on different boats from Sardaigne to Panama during 2 years, we are easy to live with good relationship, we have good experience of sailing and we can help for sailing, cooking or dishes. We hope to have the opportunity to discuss with you. Our phone number : 0059690898765 » J’ai personnellement beaucoup de considération pour les bateaux stoppeurs qui n’ont peur de rien et dont la seule préoccupation et de continuer le voyage à moindre frais. Ce sont généralement des gens rôdés au voyage donc ouvert aux autres, altruistes et intéressants. La plupart du temps ils ont déjà voyagé sur de longues distances, parcourus bien des pays et acquis de nombreuses expériences donnant lieu à des anecdotes en tout genre. Ils sont prêts à embarquer sur n’importe quel vaisseau et je pense que le radeau de la méduse pourrait leur suffir tant qu’ils y a des copains à bord. Ils ont un goût prononcé pour la fête comme l’ensemble des jeunes de notre génération. Ce ne sont pas pour autant des marginaux en marge de notre société, ils se sont simplement laisser séduire par l’inconnu et l’univers du voyage, leur seule aspiration serait du genre « into the wild ». Et maintenant que j’y réfléchis, je me dis que la principale différence entre eux et nous réside dans l’acquisition de notre bateau. Notre dernière rencontre avec une bateau stoppeuse remonte à Portobello, pas très loin des îles samblas (au Panama). Julia, 22 ans, habitait depuis plusieurs semaines sur un voilier dont le capitaine d’origine polonaise, tout comme elle, était à la retraite. Nous avons rencontré Julia dans un bar, lieu de rencontre privilégié. Valérie s’était bloqué le dos et s’en plaignait lourdement lorsque Julia fit son apparition et proposa à Valerie un massage sur un tarif libre. Julia se revela être très douée dans son domaine et sa prestation se revela salvatrice pour le dos de Valérie. À partir de ce jour Julia et Valerie se donnèrent rendez vous tous les jours, s’adonnant à une scéance dans laquelle à mon grand regret je n’étais jamais convié. Plus tard, Julia nous présenta le capîtaine du bateau sur lequel elle était hebergée et nous furent invités pour le dîner. L’ambiance sur ce bateau sembla très cordiale à la différence du bateau précédent sur lequel elle avait embarquée. Elle nous avoua que sa précédente expérience fut compliquée car elle fut confrontée à de torrides avances de la part du capitaine septagenaire. Fort heureusement elle put refuser fermement et recardra le personnage mais le mal était fait, ses nuits restant hantées par les gestes déplacés de ce personnage. Le jour où nous avons quitté Julia elle nous appris qu’elle partait elle aussi bientôt car elle avait trouvé un travail d’hôtesse sur le seul Yacht de luxe présent dans les parages. Elle serait bien payé et pourrait continuer son voyage aux Caraibes. Ce prestigieux bateau sembla également être une aubaine pour tous les bateaux stoppeur se trouvant dans le coin. 25 novembre 2017 Notre ami Bleu bec est toujours là et a été rejoint par un autre oiseau de la même famille mais cet oiseau est pourvu d’un bec rose. Nous le surnomons donc Rose bec. Vu les disputes regulieres et le compoortement de Bleu bec à l’égard de Rose bec qui garde une certaine distance, je dirai que Rose bec n’est sans doute pas la fiancee mais plutôt la soeur de de bleu bec. À midi ils ont tous les deux pris leur envol, je pense qu’ils reviendront, rien ne me ferait plus plaisir que de les conserver à notre bord pour toujours. En réalite cela ne se produit jamais et le capitaine ayant réussit à domestiquer l’ oiseau venu à bord de son plein gré et reposant sur son épaule gauche reste du domaine de la légende. Les meilleurs amis des marins après les dauphins restent bel et bien les oiseaux du large. Souvent ils viennent chercher un peu de réconfort à notre bord. Un répit bien mérité quand on sait les distances phénoménales qu’ils parcourent. Il nous est arrivé de rencontrer des oiseaux affrontant des tempêtes en plein milieu des océans, soit une distance de plus de 2500 kms parcourue par un si petit être. Rapporté à taille humaine c’est comme si nous parcourions le tour du monde en une traite à travers des reliefs contrastés ! Nous serions alors bien content de trouver un vaisseau pour nous y reposer et nous aider à avancer. Au large des Canaries nous avions recueilli un magnifique petit oiseau jaune que nous avions surnomé yellow (comme vous pouvez le constater, nous nous efforcons de trouver des noms d’oiseaux très originaux). Yellow s’est réfugié entre les jambes de Valerie, nous lui avions donné des chips et de l’eau puis alla ensuite à l’intérieur du bateau pour trouver un coin confortable afin de se reposer, hélas exténué par la fatigue, ce repos devient éternel. Je me suis demandé si cela était dû aux chips trop salées mais en réalité je sais que certains oiseaux sont tout simplement les naufragés d’une mer rude et d’un univers infini. Epuisés ils viennent nous rendre leur dernier souffle. Mais les oiseaux ne sont pas les seuls rescapés de notre bord puisque nous avons eu un jour l’opportunité de sauver un homme de la noyade. Nous Naviguions à proximité de l’ile Aruba située entre le Venezuela et la Colombie, lorsque nous aperçûmes un nageur dont la témérité m’impressiona, je crois que mes premiers mots furent « il est complétement fou de nager aussi loin ! » lorsque j’entendis des cris bien distincts « Help ! Help ! ». Cet homme épuisé eu la chance de nous trouver avant de rendre son dernier souffle et sombrer dans les profondeurs de l’océan. Affolés par ce qui était en train de se dérouler, je mis l’annexe à l’eau mais au lieu de donner 3 coups de rame pour rejoindre immédiatement cet homme, j’insistais sur le démarrage du moteur qui ne voulait rien savoir. Cela me parut une eternité mais en réalité 15 secondes seulement s’étaient écoulées avant que je ne mette plein gaz afin de tendre ma main à cet homme. Cet homme resta dans l’eau quelques minutes suppléentaires; ma main dans la sienne,afin de rassembler ses dernières forces qui lui permettraient de monter dans l’annexe. Pendant ce temps, Valérie était en train d’appeler à la radio les secours qui ne dégneront pas se déplacer et qui nous demanderont ensuite de les rejoindre à terre. Nous y trouverons alors l’armada des différents services associés à ce genre de situation : policiers, gardes-côtes, médecins, douaniers, chargés de l’immigration, … Tous réunis, il y a au moins une vingtaine de personnes qui nous attendent de pied ferme sur le quai. Nous en profitons pour faire les formalités administratives afin de sortir du pays. Nous laissons notre nouvel ami aux mains des autorités compétentes, puis nous nous éloignons en nous retournant vers lui, un reguard qui sembler tout dire est échangé, un sentiment fraternel nous envahit. Ce sentiment que nous devrions systématiquement tous avoir et qui pourtant manque cruellement à chacun. Tout ceci m’interpelle et me fait comprendre l’allegresse des gens qui font passer leurs prochains avant toute chose. Bien loin de la finance qui est une fiction, la relation à l’autre elle est bien réelle et alimentera notre âme, qui seule perdurera lorsque nous serons devenus poussière. Elle sera transmise en tant que force positive aux vivants et c’est ainsi que nous nous rappelerons des décénies plus tard des personnes essentielles, seules véritables héros. Coluche à travers ses sketchs et les restaurants du coeur me fait toujours rire et son esprit m’inspire. Père Pedro à Madagascar a pu démontrer à travers ses convictions que l’impossible est toujours possible. L’abbé Pierre, Mère theresa, … Les véritables héros sont rares mais nous nous en rappelons longtemps après. Inspirons nous en afin de devenir chaque jour un peu meilleur. S’arrêter devant un clochard au lieu de l’ignorer est déjà un premier pas vers l’héroïsme tout comme rendre service à quelqu’un qui ne vous aurait rien demander de peur de déranger. 26 novembre 2017 Cette nuit nous avons passé la ligne de l’équateur, ce point geographique qui se veut si magique et sur lequel les instruments de localisation affichent tous 0 0 0. La réalité fut quand elle beaucoups moins exaltante puisque nous nous sommes rendus compte du passage de cette ligne imaginaire seulement quelques heures plus tard. Pour ma part je dormais profondément et m’en foutais complètement. Quant à Valerie, elle était déjà bien occupée à gérer seule le bateau qui filait à plus de 7 noeuds. Seul notre ordinateur a semblé être troublé par le passage de ce point puisqu’il resta figé avec un écran bleu et un petit smiley 🙂 message d’erreur classique de Windows (autrement appelé Windaube). 10h15, nous sommes enfin arrivés en Équateur dans la baie de Caraques. Notre arrivée se fit non sans mal car cette Baie est composé d’innombrables banc de sables qui se mouvoient rapidement empêchant toute carte marine d’être à jour. Nous étions entre deux bancs de sable à 2 m de profondeur sur le point de nous échouer lorsqu’un pêcheur vint à notre secours afin de nous guider. Dans un premier temps nous sortons de ce piège en suivant scrupuleusement la trace enregistrée sur notre gps puis faisons progressivement confiance à ce pêcheur au détriment du GPS que nous abandonnons tant les informations qu’il délivre sont incohérentes. Nous redevenons sereins, l’ancre est posée et nous remercions notre nouvel ami. Nous prendrons un repos bien mérité avant d’entamer les travaux indispensables à un nouveau départ. Ranger, nettoyer, ravitailler, réparer, vérifier, fabriquer, deviennent les maîtres mots à bord. Ce sont les verbes les plus récurrents lorsque nous atteignons une nouvelle destination. Fort heureusement ces verbes laissent rapidement placent à des champs lexicaux bien plus sympathiques tels que explorer, rencontrer, s’emerveiller … Nous avons mis plus d’une semaine à tirer des bords entre Panama et l’Équateur à une vitesse moyenne calculée en ligne droite de trois nœuds et demi, soit la vitesse de marche d’un homme. C’est probablement là la vitesse moyenne la plus basse que nous n’ayons jamais atteint. Mais quel plaisir que de découvrir ce pays qui va nous reserver au final bien des surprises …

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