Les aventures Polynésienne de Valou et Gillou

Fakarava… A l’autre bout du monde.

En survolant l’atoll de Rangiroa, puis celle de Fakarava, le dépaysement est complet. Comment va t-on pouvoir atterrir sur ce bout de terre en forme d’anneau ? C’est époustouflant, magique et prometteur d’une déconnexion totale avec le monde dans lequel on vit.

L’atterrissage se fait sans encombre et Val nous accueille avec un collier de fleurs de Tiaré et un sourire éclatant. Maeva ! Nous sommes transportés dans le jardin d’éden comme l’a écrit Bougainville en découvrant la Polynésie.

Nous prenons la route à la rencontre de Nico. Les questions fusent de part et d’autre. Val et Nico sont deux électrons libres qui ont tout quitté pour une circum navigation à bord du voilier que nous avions décidés de vendre quelques années plus tôt. Leur projet nous avait séduits et nous avions laissé filer ce bon et beau bateau, assoiffé d’aventures.

Depuis la Sicile, les miles avaient filé sous la coque et les deux globes trotteurs ont fait leur preuve… Ils nous laissaient admiratifs. Un demi tour du monde les sépare de la Sicile où ils ont pris leur élan !

C’est ainsi que nous embarquions sur l’Ivresse pour quelques semaines de bourlingue à travers les Tuamotus.

L’ambiance est bonne enfant. Ici pas de prise de tête. Chacun met la main à la pâte. L’avitaillement et les corvée d’eau nous rappelle que rien n’est facile sur les Tuam’ ! Mais, que c’est beau !

Val a préparé le voilier de tel sorte qu’on s’y sente bien. Le bateau semble heureux de nous revoir, On sent qu’il a vécu avec les nouveaux proprios des aventures intenses et captivantes. Il garde quelques cicatrices et la bôme qui gît sur le pont témoigne de navigations parfois imprévisibles.

Par grande pétole, un grain plus fort que les autres a cisaillé la bôme en deux. Cette déconvenue entame à peine l’itinéraire que nous avions prévu ensemble. Par bonheur, les alizés sont portants.

Pour Val et Nico, bien que chagrinés, ils tirent des leçons de cet incident et tente de le surmonter.

A Fakarava Sud, nous irons à la rencontre des requins, Impressionnés par leur présence, autant que subjugués par leur silhouette élégante.

En débarquant sur l’atoll, une multitude de poissons colorés se pavanent élégamment.

Entre les coraux, dans une eau translucide, nazons zébrés, perroquets, napoléons, chirurgiens déploient leurs couleurs vives. Et toujours, rodant dans un mètre d’eau, les requins pointes noires élancés et racés. De quoi nous effrayer un peu,

Les garçons décident d’une plongée bouteille avec un moniteur hors du commun. Marc un plongeur quinquagénaire semble maîtriser son affaire.

Les garçons reviennent enchantés de leur plongée. C’est l’un des plus beaux spots de Polynésie. Les requins gris, les pointes blanches, les dormeurs étaient au rendez-vous autant pour les éblouir que les faire frissonner.

Pendant ce temps, avec Val, palmes, masques et tuba en main, nous découvrons, à peine rassurées les fonds poissonneux d’une petite crique appelée « piscine ». Le chien du cuisinier nous protège et semble éloigner les pointes noires trop curieux, Sous l’eau, c’est un manège de poissons multicolores qui nous fait presque oublier les requins !

Les soirées sont parfois animées. Ce soir « Paprika » nous invite à son bord. Manu et Marinella viennent de convoyer une bôme d’occasion pour remplacer l’appendice qui gît sur le pont de l’Ivresse. Pour l’occasion, Le Komo (boisson alcoolisée à base de citron, d’eau, de sucre et de levure pour fermenter le tout et fait maison!) est versé dans les verres et la soirée est animée. Il faut dire qu’en Polynésie, l’alcool atteint des prix prohibitifs ! Les parents de Manu qui, comme nous profitent d’un séjour à bord de Paprika ont fait le plein de courses et le saucisson (denrée rare) ravie nos papilles !

Aprés une semaine sur Faka, l’avitaillement en vivre et eau est fait au prix de quelques gouttes de sueur ! L’ancre est levée au petit matin pour franchir la passe Nord. Ça secoue pas mal dans les remous et les gros poissons abondent à la sortie…

Un thon d’une cinquantaine de kilos a failli se faire prendre à l’hameçon ! Après une heure trente de combat, il replonge dans les abysses et nous laisse dépités. Les tendons de l’avant bras de Gillou se battant désespéramment avec la moulinette s’en souviennent encore !

Avant d’embouquer la première passe de Toau, un tazard de 5 à 7 kilos se laisse prendre plus facilement.

Ce soir et demain, nous mangerons un carpaccio et un tartare, véritable délice qui change des pâtes accommodées à toutes les sauces !

Lorsque nous atterrissons sur Toau, c’est un véritable émerveillement. Le lagon passe du bleu piscine au plus… lagon. Et les motus qui nous entourent balancent leurs cocotiers au gré des alizés.

Gaston et Valentine nous réservent un accueil bien sympathique, Sous la paillote ils servent quelques plats tahitiens. Nous leur apporterons des morceaux de poissons en échange d’une bière local. Le troc ici est légion et ces échanges sont appréciés de tous !

Un repas entre plaisanciers au mouillage et nos deux insulaires tahitiens  est organisé sur le motus, Chacun amène un plat et l’ambiance qui s’en suit est plutôt sympathique. Valentine prépare du pain à l’ail (notre préfou régional) et des énormes bulots qui seront cuits au barbecue. Quant à Gaston, il joue les maître du feu en préparant les poissons pêchés par les plaisanciers. Le vie est cool et les souvenirs précieux !

Valentine et Gaston ont beaucoup à nous apprendre sur leur vie de Robinson. Ils vivent en auto-suffisance sur leur motus qui comme le dit Valentine appartient à Dieu !

Nous terminons cette belle journée par une partie de pétanque très disputée où les rires et les bons mots fusent !

Il est temps de lever l’ancre, le Maramu  (Vent d ouest soufflant pendant la saison fraîche de mai à septembre).  risque de se déchaîner bientôt !

La traversée est moins agréable. La houle s’impose en maître  et les grains se succèdent.

La Passe d’Apataki est impressionnante ! Au quai, une distribution de poisson est improvisée. Ce soir, nous mangerons de la bonite. Heureux ceux qui se trouvent à proximité du voilier et qui bénéficieront de notre pêche miraculeuse bien qu’acrobatique !

Cette fois-ci trois beaux poissons ont mordus aux hameçons en même temps ! Avec la houle et le vent, cette pêche miraculeuse a bien failli mettre un homme à la mer et du sang partout dans le cockpit. C’est un véritable carnage et il faut nettoyer avant d’attirer les requins avides de sang !

Plus de peur que de mal… Mais une bonne leçon pour éviter dorénavant de mettre les trois cannes en même temps !

Le village d’Apataki est tout en longueur et le tour est vite fait. On se dégourdit les jambes en observant la vie des locaux. Ici les gens se débrouille avec rien.

Il est temps d’aller prendre des nouvelles de nos proches et de les rassurer via le wifi. C’est la seule manière de communiquer ici.

Pour se remettre de nos émotions, une soirée est improvisée et arrosée à bord du first 30 d’Antoine, un tout jeune navigateur qui navigue en Polynésie. Cela nous rappelle de bons souvenirs avec notre premier bateau. Je lui offre un aquarelle de son bateau croqué lors d’une escale à Toau.

Ici, les rencontres sont souvent sympathiques et éphémères. Entre plaisanciers, pas de barrière  ni  générationnelle, ni sociale ! La moyenne d’âge ce soir doit-être autour des trente ans et franchement, c’est plutôt sympathique de se retrouver avec des jeunes !

Avant de larguer les amarres pour un mouillage plus protégé dans le fond de l’atoll, Nico et Gillou vont dépanner le catamaran de Théo qui a un problème de moteur. La vie sur l’eau est ainsi faite… « Si je peux, je te rends service. Tu ne me dois rien mais tâches de faire la même chose pour ton prochain ! »

Des leçons de vie que nous connaissons déjà…

Les amarres sont larguées. Cap sur le fond de l’Atoll. Quelques miles au vent tempétueux et nous jetons l’encre face à un motu  qui a l’avantage d’abriter un chantier de bateaux et tenu par une famille bien sympathique.

Malgré le temps maussade, nous profitons de quelques éclaircies pour aller à terre et faire une balade sur le platier. Les coquillages abondent mais attention aux bestioles qui y logent et à leur  dards paralysants !

Il est temps pour nous de réfléchir à l’organisation de la fin de nos vacances.

Nous profiterons de la prochaine escale à Rangiroa pour savourer différemment les 10 derniers jours de nos aventures polynésiennes.

La météo reste médiocre mais une petite fenêtre s’offre à nous pour les prochains 90 miles qui séparent Apataki de Rangiroa.

L’ancre est levée à midi. Il faut calculer pour franchir à marée montante la passe d’Apataki et franchir 19h plus tard la passe Tipuna de Rangiroa, plus délicate encore.

La mer reste houleuse. La journée s’écoule est l’océan se calme. Val prend le premier quart de nuit, Je m’éclipse rapidement et les trois marins vont assurer les vielles, Pour chacun  2 heures de quart et une mer qui devient au fur et à mesure hachée avec une houle croisée. Le vent quant à lui joue les impromptus. Je suis au fond de ma couchette et les bruits sont toujours aussi impressionnants. Quand le vent ne souffle plus dans les voiles, le bateau est instable et je suis ballottée dans ma couchette comme un fétu de paille. Les quart se suive à l’étage supérieur. Je les entends nettement. Val doit rester vigilante car elle doit passer deux motus et naviguer presque à vue entre les patates de corail. Quand Gillou reprend la veille, le vent est régulier et l’Ivresse marche à 6 nœuds. Nico lui doit enlever le tangon en pleine nuit. Il force trop sur le génois. Le vent a tourné. Les étoiles luisent dans le ciel et la lune prend son premier quartier. Au fur et à mesure, le vent forcit. J’entends l’élice s’affoler et je sens le bateau se cabrer.

Sur le pont, l’homme de quart ne doit pas s’amuser. En milieu de nuit, le vent monte à 30 nœuds. Les grains se succèdent jusqu’à l’apothéoseau petit matin. Le franchissement de la passe de Rangi s’annonce difficile. Tenant la barre à deux mains, le cap’tain se concentre sur ce passage en force, Le courant est fort et les vagues dantesques. Écume et déferlantes masquent la visibilité. A ce moment précis, trois dauphins viennent nous accueillir et montrent le chemin. Tatata ! Pendant dix bonnes minutes génois et moteur à fond, l’Ivresse se bat contre les éléments et nous laisse sans voix.

La délivrance est d’autant plus appréciée. Notre course folle s’achève par un torrent de pluie au moment de jeter l’ancre dans le lagon.

Il est temps de faire nos valises. Ces vingt jours resteront gravés dans nos mémoires. Merci à Val et Nico qui nous ont fait voyager hors des sentiers battus dans ce paradis océanique.

On se souviendra :

*Des belles nav de jour comme de nuit

*Des poissons multicolores

*De la plongée dans la passe de Fakarava

*Du snorkeling avec les pointes noires

*Des paysages à couper le souffle

*Des repas pantagruéliques de poissons et des jours de disette

*Des beignets, des confitures aux fruits exotiques, du pain et des pizzas fait maison

*Des pâtes en général et de celles de Gillou en particulier qui auraient colmaté une brèche dans le bateau !

*Des passes à couper le souffle et de celle de Rangiroa, dantesque et inoubliable!

*De nos débats philosophiques

*Des pêches miraculeuses

*De la belle escale à Toau (ma préférée)

*Des soirées entre potes

*De la gentillesse des Polynésiens en général…

Nous avons pris des leçons de savoir être entre humains, de débrouillardise et de solidarité.

Merci les amis pour cette aventure hors du commun.