Nous partons de Fatu Hiva la derniere ile au sud des marquises dans de bonnes conditions, sous un ciel bleu et une légère brise. Nous avons esperé que cela dure mais c’etait sans compter le fait que les Gambiers ca se mérite ! Le lendemain nous nous retrouvons au près (allure pour laquelle le bateau fait quasiment face au vent) sous 20 noeuds (50 km/h) de vent bien etablis et une mer étonnamment grosse. A partir de là nous ne cesserons de nous faire rincer, toutes les 5 minutes, une belle vague recouvre le pont du bateau. Parfois une plus grosse parvient a descendre jusque dans le bateau. Nous fermons le bateau, il y fait très chaud et les hublots fuient. Rien de bien méchant, au goutte a goutte, juste de quoi prendre quelques goutes sur le visage au moment où on essaye de dormir. Assez rapidement le bateau est sans dessus dessous dans un desordre chaotique mais neanmoins assumé. La surprise viendra du fait qu’en essayant de faire des pates carbonara (ce n’est pas parxeque la situation est inconfortable qu’il ne faut pas s’occuper) une bouteilke d’eau glisse et pillone un bol de creme fraiche. Il y a de la creme fraiche partout, au plafond sur les ports les couchettes nos vetements en train de secher nos oreillers, bref partout.

Val prends son courage pour tout nettoyer pendant que j’essaye d’arreter de jurer … Val tue le temps comme elle peut mais elle trouve que 6 jours en mer c’est long, de mon coté je regarde les quatre saisons de la serie viking soit 36 episodes de 50 minutes, je trouve que le temps passe beaucoups plus vite avec cette serie. Sur les derniers jours nous serons entourés de grains, phenomenes meterologiques consistants en un amas de gros nuages gris pouvant alener de tres fortes pluies et des vents jusqu’à 100km/h sur de courtes durées.


Nous réduisons au maximum la grande voile avec trois ris et passons de grain en grain. Le dernier jour nous mettons les lignes de peche à l’eau. Au bout de quelques heures deux lignes partent, la premiere casse, la seconde decroche car le poisson aura réussi à tordre les deux tridents du rapala.


Nous abordons les Gambiers de nuit sans trops de difficulté pour un bon dodo, les jours suivants seront consacrés au rangement, menage et quelques reparations mais cela ne bous derange pas car nous sommes absoluments seul dans l’une des plus belles baies au monde, en mode robinsson crusoé.

Cela durera une semaine avant de s’approcher en pleine nuit d’une première terre qui semble vierge, dans la baie Gahutu sur l’ile de Taravai. Le lendemain nous nous réveillons donc au mouillage dans un décor de rêve et la luminosité intensifie l’émotion due à la découverte de ce paysage grandiose. Les fonds marins cristallins contrastent avec la végétation abondante et verdoyante composée principalement de sapins. Les eaux sont limpides et la diversité marine nous offre un beau spectacle de coraux violets, verts, roses,  de poissons perroquets et de requins. Les poissons perroquets portent bien leurs noms car leurs couleurs sont semblables à celles des oiseaux, rouge pour les mâles et bleu pour les femelles, et possèdent eux aussi un bec noir qui leur permet de broyer toutes sortes de crustacés et de coraux. Nous resterons une semaine pour faire quelques petits travaux et profiter de ce lieu sauvage dans lequel nous sommes certains de ne partager notre intimité qu’avec mère nature. Nous nous souviendrons éternellement de cette communion avec cet univers dans lequel aucune ombre, météo comprise, ne viendra troubler notre quiétude.  

Après une semaine quelques vivres viennent à manquer et nous décidons de rejoindre la civilisation, direction Rikitéa, la capitale des gambiers qui contient tout de même 3 petites épiceries avitaillées par bateau une fois par mois. Il est difficile de trouver des légumes et les prix sont exorbitants  sans aucun doute du à l’éloignement de cette archipel et aux richesses qu’elle peut offrir à ses habitants grâce à la culture de ces perles d’huitre dont la réputation internationale n’est plus à faire. Ces petits inconvénients seront vite oubliés en constatant la gentillesse et la bienveillance générale des locaux envers les marins. Nous découvrons l’ile par ses sentiers traversiers  répartis sur son ensemble puis entamons notre ascension dans la montagne vers le Mont le plus haut, le Mont Duff, qui culmine à 441 mètres. En évoluant sur ce massif composé de nombreux sapins, la nostalgie du Jura nous revient mais ici les bons fromages ne sont même pas de l’ordre du rêve*, il faudra définitivement s’en passer et savourer simplement les fruits qui poussent en abondance, offerts joyeusement par nos nouveaux amis mangaréviens.

  • Techniquement et sans le vouloir ce rêve fromager se produisit tout de même car nous avons côtoyé des clients suisses d’un bateau charter qui avaient ramené différents fromages de leurs cantons.

Nous sommes à nouveaux touchés par la générosité des Mangaréviens  car lors de l’une de nos promenades, une famille nous prend en stop et revient le lendemain au bateau pour nous offrir un sachet de perles d’huitre de qualité suffisante pour confectionner toutes sortes de bijoux colorées. Notre seule sympathie leur ont inspiré une telle offrande ! Je n’en reviens toujours pas. Mais ici le troc est légion et quelques temps plus tard nous troquerons ces perles avec un bateau ami rencontré en Equateur, Lulu et Sean dont notre rencontre fut décrite dans un précédent article. En échange de ce troc nous récoltons quelques bouteilles d’alcool, puisées dans leur réserve chiliennes, immédiatement consommées lors de fêtes avec les Mangaréviens.

Cette même famille nous gâtera à nouveaux lors de notre départ le 28 avril en remplissant notre annexe d’avocats, pamplemousses, bananes, citrons, papayes…. 

Puis nous retrouvons nos amis Manu/Marinella sur Paprika  et Sandrine/Robin sur Brindacier pour une petite virée sur l’ile d’Aukéna, un petit paradis avec plage de sable fin, lagon et montagne où habitent Bernard et Marie Noel. Bernard est surnommé prince des Gambiers car il possède un grand nombre de terres et qu’il possède toutes les qualités afférentes à un prince, généreux , bon et loyal. Très rapidement nous devenons amis et partageons des moments qui resteront gravés à jamais dans nos cœurs. Nous irons à la pêche, nous irons à la cueillette, puis nous irons à la chasse et je tuerai là mon premier cochon et mon premier coq, histoire de ne pas oublier qu’un poulet n’est pas juste un morceau de viande cuit et conditionné avec des patates dans un sac plastique et que le porc n’est pas à l’état naturel emballé dans du cellophane prêt à être servi sous forme de tranche. Ici tout se mérite et je pense que je ne me suis jamais autant rapproché de nos origines primitives qu’en ces instants privilégiés où seule la bonne humeur au sein d’une autarcie choisie rythme nos journées. Après les activités de chasse dont le gibier se trouve être les cochons et les chèvres pris à mains nus avec l’aide des chiens de Bernard qui s’avèrent être de redoutables tueurs, de grands festins rassemblent tous les amis de Bernard c’est-à-dire à peut prêt tous les plaisanciers qui ont eu la chance de le rencontrer au moins une fois. Ces festins n’ont rien à envier à ceux qui clôturent les aventures d’Astérix, et j’aime parfois à me prendre pour Obélix davatange sur l’engouement de manger un tel mêt que sur le transport d’un cochon ou sanglier atteignant parfois mon propre poids. J’ai aussi appris une chose durant ces festins, dans le cochon tout est bon et il n’y en a jamais trop. Valérie apprendra de nombreuses recettes comme la préparation des bocaux de patés de tête et de foie. Et de mon côté je jouerai à l’apprenti alchimiste en fabriquant notre propre alccol à partir des fruits récoltés que l’on fait mécérer avec de l’eau et de la levure en vue de leur fermentation. Nous fabriquons aussi notre propre pain et devenons jour après jour mailleur boulanger que la veille. Quand aux accompagnements de poissons ou de viande, il n’y a qu’à ramasser les noix de coco ou les fruit à pains autrement appelés Hourus  (la mission du Bounty était de ramener ces fameux plants d’arbre à pain afin de nourrir les esclaves pour un coût minime). Enfin l’eau est celle récupérée de la pluie et lorsqu’il nous manque un élément de base comme le riz, les pâtes ou la farine nous en profitons pour troquer une chèvre ou un thon au village d’en face. Nous sommes parvenus à une auto suffisance complète et vu notre isolation, vu notre éloignement cela donnerait presque l’illusion d’être paré si une troisième guerre mondiale devait éclater. Illusion bien naïve car une guerre de cette ampleur toucherait évidemment la planète dans son intégralité jusqu’aux plus grandes profondeurs terrestres.  

Aujourd’hui c’est l’anniverssaire de Bernard, ne lui demandez pas son âge, il vous répondra année après année « 32 ans ». De nombreux invités affluents de toutes parts. Dans une franche camaraderie Les locaux se mélangent aux Popa (les blancs) ; Nico et Domitil avec leurs deux enfants sur Tekao Noa, Olivier et Stéphanie avec leurs deux enfants sur Planète Océan, Manu et Marinella sur Paprika, Charlotte et Pierre sur Te Reva Tua. Les centres d’intérêts se situent entre la préparation en cuisine des accompagnements concoctés par Marie Noël et quelques amis, le match de foot organisé par les enfants, Bernard dont l’humeur est toujours au beau fixe et le cochon qui est en train de cuire au dessus du feu les quatres pates en l’air. Les discussions s’enchaineront toute la journée et nous rentrerons tard le soir bien abreuvés.  

Il est temps de faire une pause et Akamaru, une charmante ile parfaitement entretenue où pousse du café , de la vanille et toute sorte de fruits, semble être l’endroit idéal. L’avantage de cette île est que nous pouvons faire connaissance de tous ces habitants en une journée puisque celle-ci n’en contient qu’une dizaine . Sur notre seul chemin nous passons devant la maison de Pauline et Germain qui nous invitent aussi naturellement que rapidement à se joindre à leu déjeuner. C’est l’occasion de découvrir une spécialité polynésienne, le Poé qui est un plat à base de fruit à pains, de mangue et de coco, le tout cuit au feu de bois. Le Poé accompagne les poissons que nous sommes en train de manger, me vient alors la question concernant la ciguatera. La ciguatera est une maladie très grave que l’on peut attraper après avoir consommer du poisson intoxiqué par certains coraux mais rien ne laisse présager de cette intoxication. Pauline nous rassure en nous expliquant que le poisson que nous mangeons n’a pas la ciguatera puisqu’elle a pêché au bord de chez elle mais qu’il en serait tout autrement si elle avait pêché 50 mètres plus loin. Et lorsque je mange une autre espèce de poisson qui était à table elle m’indique qu’il ne faut surtout pas le faire bouillir car sur ce mode de cuisson un poison se dégagerait. Finalement la seule leçon que je retiens est qu’il faut éviter de consommer seul du poisson, il est largement préférable d’apprécier la générosité des locaux pour gouter les poissons qu’ils auront choisi et cusiné comme personne d’autre ne sait le faire.  

Un peu plus loin, nous apercevons un catamaran en forme de maison et nous décidons d’aller dire bonjour. Comme nous avons bien fait ! Nous découvrons Rémy qui vite avec Louise et leur fils de 4 ans. Nous passerons plusieurs jours avec eux et Rémy en profitera pour me confier son histoire personnelle complétée par celle de son Papa, Bertrand, rencontré bien plus tard dans les îles des Tuamotu.

 Rémy à l’âge de 9 ans arriva en même temps que sa sœur cadette sur le voilier de son papa il y a maintenant plus de 25 ans de cela lorsque les îles Gambiers étaient encore vierges et que l’arrivée d’un bateau restait un événement tout à fait exceptionnel. Les îles Gambiers se révélèrent être un coup de cœur pour cette petite famille qui décida de s’installer dans cet endroit paradisiaque quelque peu désertique. Puis Bertrand, parmi les précurseurs dont Robert Wam qui est aujourd’hui l’une des plus grosses fortunes de Polynésie, installa les premières fermes perlières et démarra cette activité qui devint la plus lucrative de Polynésie. Rémy fut éduqué dans ce contexte et je m’amuse parfois à la comparer au Mowglie non pas de la jungle mais des lagons car très vite il eut tout appris tant est si bien qu’il est a repris la ferme perlière de son Papa qu’il a fait fructifié. Bien que la relation père fils au travail puisse être très complexe, l’activité perdura et son papa m’avoua toute la fierté qu’il avait pour son fils. Enfin je lui demandai s’ils connaissaient le bateau Banik, une famille française qui avec leur blog en fit rêver plus d’un (dont moi) grâce à leur tour du monde effectué à la voile, il me répondit qu’ils avaient passé beaucoup de temps ensemble et que les enfants de Banik et les siens étaient devenus très amis.  

Rémy à repris la ferme perlière de son père et on est tout excité à l’idée de l’aider une journée.

On commence par le détroquage qui consiste à sortir les coquilles de nacre des paniers, de percer la coquille sur la hauteur pour enfiler une ligne de nylon qui contiendra 45 perles environs, nous réaliserons 1500 lignes. Vient à présent le moment de faire le toron, c’est-à-dire entortiller les lignes sur un bout qui sera suspendu dans les paniers. Les garçons termineront leur travail en plongeant sur les stations perlières pour accrocher les 50 paniers aux bouées. Il faudra 9 mois environ pour faire grossir les nacres avant de les greffer et obtenir une jolie perle de Tahiti.

Ce travail est fastidieux et physique, lorsque nous enfilons les coquilles,  nos bras et nos jambes nous démangent  (ca pique…ca gratte…car de nombreux projectiles se collent sur notre peau (des restes de méduses, anémones, coraux etc …Sur les conseils de Rémy nous nous badigeonerons de citron pour calmer les démangeaisons.

Ah les perles ca se méritent…

Rémy  nous invite pour un BBQ ; au menu…omitarets,  ouroux au feu de bois et poissons crus au lait coco, quel belle journée en leur compagnie (Toutana la sœur à Rémy et son copain Harry.

Avant de partir nous accostons sur Mékiro une petite ile face à Akamaru, une vue magnifique s’offre à nous avec les récifs à perte de vue et quelques chèvres pour seules résidants.

Nous terminerons notre séjour aux Gambiers par Taravai chez Hervé et Valérie qui organisent un BBQ chaque dimanche avec les plaisanciers.

Taravai est un petit ilot abritant 4 familles soit 9 personnes, un petit paradis ou il fait bon vivre, un catamaran se joint à nous. Nous sommes à présent 11 personnes, équipe au complet pour faire une partie de volley, puis suivra des parties de pétanque…Un petit goût de Marseille au bout du monde…Manque juste le Pastis.

Le départ des Gambiers est imminent, les derniers préparatifs se feront sur Rikitéa, avitaillement eau, gaz, gasoil ; nourriture… Un petit clin d’œil à Paprika qui la veille nous conseil cet avitaillement…Je cite « Mais vous savez que vous partez aux Touamotu et que sur ces minuscules atols vous ne trouverez que des noix de coco.

Bon merci Manu nous suivons tes conseils J

Départ le Samedi 28 avril direction Hao pour 454 mn.

Premier jour 15 nds…on avance lentement

Deuxième jour Pétole on sort le spi qui ne se gonfle pas

Troisième jour la grand voile est sortie on avance à 3 nds au portant. Dans l’après midi on passe de 4 nds  de vent à 32 nds dans un grain. Impossible d’affaler…Le frein de bome est coincé, la voile se gonfle et nous remontons au vent…La pression exercée est telle que la bome se casse en deux…Catastrophe ;;;Nous sauvons immédiatement la Grand voile et nous déposons la bome sur le pont. Bon nous naviguerons au génois accompagné du moteur durant 3 jours de pétole. Nous sommes dépités mais on gardera le moral car nous pourrons temporairement faire une réparation provisoire.

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